Proche de Drugstore Cowboy ou de Mala Noche de par les thèmes qu'il aborde (jeunesse pommée, homosexualité, amitié), My Own Private Idaho est pourtant bien différent. Tandis que son précédent long-métrage opérait une approche violente d'une jeunesse tourmentée, ici, on baigne dans l'onirie proche d'un Arizona Dream.
Le personnage de Mike vit certes dans la pauvreté et la prostitution pour subvenir à ses besoins, mais ce train de vie ne lui semble pas anormal. Plus encore, il s'en fout. Il voyage et s'echappe de notre monde, comme semble le faire la majorité des personnages du film. Ils vivent en autarcie, comme des enfants jouant entre eux, dans leur monde à eux. Mike n'a-t-il pas besoin de retrouver sa mère pour, enfin, parvenir à grandir ?
Ce film est un voyage tendre et initiatique partant de l'enfance pour en venir à l'âge adulte, comme le montre le personnage de Scott, allant jusqu'à renier ses amis, son enfance, pour se prouver qu'il est enfin parvenu à grandir. Mon interprétation est certes assez innocente et légère, mais le film, en lui-même, l'est aussi, malgré sa lourde thématique.
Encore une fois, Gus Van Sant mène son intrigue et ses acteurs (qui s'en sortent à merveille !) comme un maître, et sa mise en scène devient un réel objet d'étude. J'ai particulièrement aimé ces plans fixes successifs d'actes amoureux, où les différents partenaires prennent des positions, sans bouger, comme s'il s'agissait d'une représentation de la réalité à partir d'un rêve.
D'ailleurs, à propos de ma théorie du rêve, une question me vient : Est-ce un hasard si le personnage de Mike est narcoleptique ?...