Une certaine idée de l’Amérique. Peter Fonda le producteur et Dennis Hopper le réalisateur sillonnent les routes désertes à perte de vue, traversent les patelins arriérés et font connaissance avec la faune locale, entre deux pauses joints au feu de bois. Le silencieux mystique et le rustique impénitent, le duo fonctionne, d’autant mieux quand il est rejoint par un tout jeune Jack Nicholson, fantasque et généreux. Country-folk aux oreilles, chopper Harley sous les fesses, nos héros font l’apologie de la liberté, celle du voyage, de la défonce, de la nudité. Admirer les paysages majestueux, aimer les femmes de passage, échanger avec l’habitant, et toujours, rouler, rouler mains aux guidons, rouler mains à la feuille. Sous l’œil vigilant du drapeau national, celui qui fascine les âmes, avive les haines et affirme les fois. Tout de même, tout ça parait un peu trop bath pour être honnête. Comme une sorte de teen-movie punk avant l’heure, un produit marketé pour la jeunesse cool d’époque. Le terroir qui rejette, les beatniks qui accueillent, le message est clair, net, et pour le moins caricatural. Et les tentatives de réflexion philosophique qui parsèment l’histoire illustrent assez explicitement le vide qui couve derrière le mythe. Easy rider, ou comment on est passé du Peace, love and unity au Sex, drugs and rock’n’roll.