Un film culte à l’origine, référence de toute une génération, le premier film sur la Beat génération et la naissance du mouvement Hippie. Le film est très prémonitoire sur beaucoup de choses, et surtout n’a pas vieillit du tout, aussi bien par sa forme que par son continu. En effet une nouvelle vision en 2014 surprend par la beauté et la qualité de la mise en scène de Hopper. Du prologue jusqu’au dénouement final le film est d’une pureté, et d’un esthétisme très moderne. Les scènes sont toutes très intéressantes et originales. Le prologue au Mexique sur le deal avec les Narcos est très réussi, plein humour, inquiétant, un peu glauque. La revente du package à un riche consommateur au bout d’un piste d’avion est tout à la fois grotesque, surréaliste, mais nous plonge dans un climat de stress, digne d’un bon polar C’est ensuite l’arrivée des motos , qui sont filmées comme des Mustangs dans un western traditionnel. De beaux plans serrés, et les ride sur les routes rappelle les chevauchées à cheval de John Wayne ou Clint Eastwood dans le far West. L’arrivée à la communauté Hippie est superbe, et si riche d’enseignement. Tout est dit on comprend très vite pourquoi ce modèle de vie utopique ne fonctionnera pas : le poids du gourou, l’aveuglement face à la réalité économique, le nivellement par le bas, les petites spectacles ringards. Tout y est, mais aussi la liberté totale bien montrée, la scène de baignade à la rivière , Peter Fonda et les filles nues , insouciants , heureux..L’illusion du jardin d’Eden. Magnifiquement filmé dans un style pré Hamiltonien. Puis la rencontre avec le personnage de Nicholson , formidable, énorme, déjà le Nicholson fou, unique, au regard de diablotin , tel qu’il sera pendant toute sa carrière .Fils de bourgeois qui part s’encanailler , il fumera son premier pétard , scène culte , énorme, la soirée au coin du feu de bois est superbe. Puis la 1ere rencontre avec l’ Amérique profonde traditionnaliste, violente qui fera des dégâts. L’arrivée au Mardis Gras de New Orleans, filmé très subtilement avec la caméra sur l’épaule. On est loin du Mardi gras contemporain défilé commercial, galvaudé. Il n’y a pas le foule qui hurle « show your tits », mais une ambiance bon enfant sauvage, sensuelle, Créole,.. Et la c’est la rencontre avec les deux prostituées, et la prise de LSD. La scène au cimetière est simplement magistrale, époustouflante, c’est surréaliste, psychédélique, pictural, on retrouve la forme de l’arrivée sur Mars de « 2001 « de Kubrick, sorti un an avant. Le trip est violent, sexuel, délirant, planant , comme un vrai trip sous acide, expérimental. Un moment hors du temps, un moment d’ultra liberté, Et puis l’arrivée en Floride , au bord de l’océan, au bout du chemin, : Peter Fonda est triste , il le dit : ils sont passés à côté de leur objectif « they fucked up » . On ne sait ce qu’il veut dire. Quelle était sa quête.? Est-il déçu parce qu’il a trouvé ? Par ce qu’il n’a pas cherché ? Nous ne le saurons jamais car la fin tragique s’approche, sobre, violente , inattendue, L’Amérique traditionnelle reprend le dessus et se venge. C’est beau, c’est sobre et hyper violent, mais sans aucun trémolo. La quête de liberté absolue est sans issue. C’est très noir. C’est pessimiste. C’est aussi le premier Road Movie intégral, qui engendrera une multitude de films et créa un vrai genre de cinéma. C’est un film fondateur, d’un certain cinéma, Il faut aussi se rappeler que le film est réalisé un peu avant l’éclosion complète du mouvement, en 1969 , et qu’il met en lumière l’opposition des deux Amériques , qui se juxtaposent , car les années 60 , c’est aussi Nixon et des traditionnalistes très puissant . Les ancêtres du « Tea party » étaient bien là, et n’appréciaient pas du tout ces jeunes en quête de liberté. Cette violence latente est présente et amènera le final tragique. Le scénario est parfaitement bien construit Une ode à la liberté, mais toute en nuance, il anticipe l’évolution et la déliquescence du mouvement hippie. Les acteurs sont très bons : Peter Fonda, en ange rêveur et mélancolique tient le meilleur rôle de sa carrière., Une bande son excellente tout en country, et en Folk protest songs.