Ode à la liberté, "Easy Rider" a suffisamment marqué son époque, et plus largement l'inconscience collective, pour avoir l'honneur d'être sélectionné par le National Film Registry pour figurer sur la très prestigieuse liste des films conservés à la Bibliothèque du Congrès aux Etats-Unis.
Il faut dire que l'influence de ce film a été grand sur les modes de pensée et de vie de l'époque mais aussi sur la mode : le blouson noir avec le drapeau américain dans le dos de Wyatt, alias Captain America, ou la veste à franges de Billy ont connu un certain succès durant ces années là.
La culture américaine a donc été durablement marquée par le film de Dennis Hopper. Ce dernier est pleinement investi dans son film : il est au scénario, à la réalisation et endosse même l'un des deux rôles principaux.
L'autre acteur principal, Peter Fonda, n'est pas moins investi dans le projet puisqu'il endosse aussi la casquette de scénariste et de producteur.
C'est donc un film que les acteurs principaux portent à bout de bras, dans lequel ils ont investi beaucoup de leur temps, de leur talent et de leur argent et qui véhicule un message de liberté auquel ils semblent croire profondément.
Et cette démarche sincère se ressent à l'écran. Ils arrivent mieux que quiconque à retranscrire ce sentiment de liberté au travers des longs plans de vastes paysages sublimes traversés par des routes. Ces plans sont accompagnés de musiques qui achèvent d'imprimer le message : freedom is everywhere. Rien que pour ces moments où le réalisateur parvient à capter des purs instants de liberté, le film vaut le coup.
L'immersion sera d'autant plus totale que l'équipe a recruté de bons acteurs. Mais le meilleur reste Jack Nicholson, alors âgé de 32 ans, qui incarne un jeune avocat accro à la boisson et en quête de liberté. Son personnage est génial, ses répliques sont pleines de philosophie (mon dieu, cette discussion autour d'un feu de camp la nuit sur la liberté et la peur du péquin moyen d'être libre) et son interprétation par Nicholson est talentueuse.
On aura donc du plaisir à traverser le Sud des Etats-Unis, de Los Angeles jusqu'à la Nouvelle-Orléans, avec ces bikers. On aura aussi du plaisir à voir leur rencontre avec d'autres personnes dont une communauté hippie, typique de ces années.
Seul bémol, et qui m'a pas mal dérangé, c'est le montage et, plus particulièrement, la façon de passer d'une scène à une autre. L'équipe a choisi de faire un montage un peu épileptique pour passer à une autre scène (et elle l'a fait à 3-4 reprises ça) : on aperçoit la prochaine scène l'instant d'une seconde, on revient au plan où on était l'instant d'une autre seconde, on revoit le plan prochain une seconde, puis on revient au plan une seconde, et on passe enfin au plan suivant.
Outre que ce ne soit pas très esthétique, c'est agaçant et cela nous sort de l'immersion dans laquelle nous étions. C'est le seul défaut que je lui trouve mais il est assez important. C'est dommage car je n'aurai pas hésité à lui mettre la note maximale autrement.