Easy Rider, 1969 de et avec Dennis Hopper, produit par et avec Peter Fonda, avec Jack Nicholson. « Produit emblématique de la contre culture américaine », cette œuvre se voit aujourd’hui comme un documentaire sur l’époque hippie, au parfum de substances illicites en tout genre, un peu trop appuyé. En effet, je me demande si les comédiens, qui jouent « à l’économie », clairement défoncés en permanence, offriraient une meilleure, ou moins bonne prestation, s’ils étaient dans un état « normal ». Ce road-movie sur deux pacifiques bikers qui traversent les USA d’ouest en est (à rebours, donc de la tradition pionnière) pour se rendre au carnaval de New Orléans offre des images superbes mais des dialogues extrêmement limités, principalement lâchés autour de feux de camps (les motels refusent de leur louer une chambre !) où la fumée de la marijuana l’emporte sur celle du foyer. Leurs choppers rutilants et les cheveux longs de Hopper, leur anticonformisme apparent, irritent les culs terreux teigneux bourrés de préjugés (racistes, homophobes etc.) caractéristiques de l’Amérique profonde, celle qui, réactionnaire et conservatrice, jauge sa puissance (entre autres) à l’aune des armes à feu toujours à porté de main. Ce qui n’a pas vraiment changé ! Aujourd’hui, c’est encore l’Amérique des Bush et McCaine, à laquelle on espère, merci Obama, échapper. Le film ne décolle vraiment qu’avec l’arrivée de Nicholson, jeune avocat alcoolique, en total décalage par rapport à son milieu conservateur, qui fait un bout de route initiatique avec nos motards. Hallucinante scène psychédélique, vaguement mystique, dans le cimetière (suite à un chaleureux partage de LSD), et bande son magnifique, avec, notamment la guitare de Jimmy Hendrix. Hymne à la liberté, mais à la liberté individuelle, limitée à l’insoumission à des règles sociales et morales de l’époque, qui vont voler en éclat. La violence, comme réplique à la supposée subversion, elle, est toujours en embuscade à ce jour...