Il y a un côté assez gauche dans ce film (au sens politique mais surtout au sens figuré), qui fait constamment osciller la balance entre la bienveillance et l'énervement. C'est un peu le souci de ces films expérimentaux, savoir quand s'arrêter, et l'on ne peut s'empêcher de se demander pendant 1h30 si un peu plus de classicisme n'aurait pas fait de mal. Parce que là pendant les premières minutes on est largué, il y a une vague histoire de drogue, et hop nos 2 compères partent sur la route et c'est tout. Dur de s'intéresser à l'histoire quand il n'y a justement pas d'histoire. En plus la réalisation est pataude, on sent une volonté de casser les codes, mais le film rate par la même occasion d'iconiser son histoire. Quand Hopper prépare sa moto au début, on prend le temps pendant 1-2minutes, tu sens le truc qui monte, tu t'attends à un plan de fou, une moto qui démarre en gros plan et ben non. On a juste un micro plan filmé d'assez loin avec la moto déjà en route qui s'en va... Et un peu après Born to be Wild se lance, sauf que c'est déjà limite trop tard !Mouais... Le film suit une trame répétitive: route/rencontre/route/discussion le soir. Les dialogues sont minimalistes, souvent perchés, drogue oblige. Bref j'ai eu un peu du mal quand même, car il n'y a rien de vraiment captivant. Le vrai attrait du film c'est la partie avec Nicholson, car c'est là qu'on voit le vrai élément perturbateur de l'histoire. Je pense qu'à sa sortie ça a été une vraie révolution, le mythe du motard, des hippies, la volonté de vivre dans un autre monde, la liberté, le sexe, la drogue, tout ça est bien montré, et finalement le ton du film assez lancinant est raccord avec le sujet sauf qu'on n'a pas grand chose à se mettre sous la dent. Du coup je préfère garder en tête cette idée de la liberté, ce monde perdu où l'on pouvait avoir les cheveux long, traverser l'amérique avec sa moto pour juste vivre. Je garde aussi en tête la BO, culte et magnifique et qui a grandement contribué au succès du film.