Petit bijou du cinéma espagnol, encore une fois. Il est vrai qu'en ce qui concerne l'Espagne et l'Europe plus généralement, seul le meilleur passe les frontières. Mais quand on parle de meilleur, on y est vraiment, avec une profondeur et une sensibilité qu'on ne rencontre que trop rarement dans les productions américaines, hélas (car eux aussi sont capables de très très grand films mais ils parviennent à exporter tellement de navets...).
Nous voilà donc accompagnant une équipe de tournage en Bolivie sur les traces de Bartolomé de las Casas, un prêtre dominicain espagnol qui dénonçât les pratiques des colons espagnols sur les tribus sud américaine au XVIème siècle. Parmi cette équipe se trouvent des acteurs locaux, dont Daniel, un habitant bolivien militant contre la privatisation de la distribution d'eau.
Les deux histoires se mêlent ainsi durant tout le film, nous offrant un parallélisme saisissant entre le colonialisme occidental des siècles impérialiste et le colonialisme de fait des multinationales occidentales... Les lutes sont bien présentes entre dirigeants et peuples, entre envahisseur et indigènes. L'histoire se réécrit, dans toute sa vérité.
La réalisation, parfaite, d'Icìar Bollaìn n'est pas sans rappeler Ken Loach, il est vrai. Mais qu'importe, ou plutôt tant mieux. Il aurait été très facile de tomber dans le pathos avec un tel sujet. Là, on alterne entre le tournage dans le passé, le présent, les non sens complets entre populos de la Paz et occidentaux aux priorités différentes, aux "bonnes intentions" magnifiques (la scène où le prod et le réalisateur "touchent" un mot des manifs au gouverneur en sirotant une coupe de champagne est d'une telle justesse...). Saupoudrez le tout avec les paysages magnifiques des Andes et vous n'avez qu'une envie, dire un grand bravo et un grand merci à la réalisatrice.
Au niveau acteurs et actrices, on est dans un réalisme parfait avec la réalisation. Tout y parait naturel avec peut-être quelques petites incohérences sur les personnages, quelques retournements d'agissements un peu suspects. On pardonne, tant l'ensemble est bien monté. Pour les hispanophones, désolé, mais Bernal ne se défait toujours pas de son accent et des formulations mexicaines. Un jour peut-être fera-t-il l'effort, quand il a un rôle espagnol, de parler la bonne langue. Bon, après, si comme moi, vous n'avez pas un niveau d'espagnol suffisant, vous ne verrez pas la différence.
En résumé, un très bon film que je conseille de voir (Au cinéma, avec un très grand écran)