Il y a 2 ou 3 ans, un film espagnol dirigé par la comédienne/réalisatrice Iciar Bollain était passé presque totalement inaperçu. C'était "Mataharis", un film auquel j'avais trouvé beaucoup de qualités, le seul (petit) bémol résidant dans une mise en scène, certes efficace, mais sans véritable étincelle, avec beaucoup de champs/contrechamps. Il y a 6 ans, c'était le remarquable "ne dis rien" : thème, interprétation, mise en scène, tout était excellent. Iciar Bollain nous revient avec Paul Laverty, le scénariste de Ken Loach, avec Gael Garcia Bernal, avec Luis Tosar, qu'elle avait déjà "utilisé" dans "ne dis rien", avec les populations et les paysages de la Bolivie et une histoire magnifique. Tout cela donne un film que je n'hésite pas à qualifier d'exceptionnel, un film comme on en voit un ou deux par an, et encore, les bonnes années ! Paul Laverty et Iciar Bollain nous racontent le tournage d'un film à Cochabamba, en Bolivie, ainsi que ses à-côtés. Le sujet du film : Christophe Colomb a débarqué en Amérique et l'exploitation des indiens commence. L'équipe du film débarque à Cochabamba au moment où la population commence à se poser des questions sur la gestion de l'eau, octroyée à une société "états-unienne". Très vite va commencer sinon une révolution, du moins une belle et forte révolte, dont le leader n'est autre que le principal figurant autochtone du film. "Même la pluie" présente toutes les qualités qu'on peut attendre d'un grand film : il a toute les qualités du cinéma hollywoodien sans aucun de ses défauts, avec de l'émotion, du suspense mais aussi, mais surtout, beaucoup de finesse dans le scénario. En effet, l'équipe de ce film qui, pleine de bons sentiments, veut faire acte de contrition en montrant comment les indiens ont été (mal)traités par les colonisateurs, s'avère pleine de contradictions. Pour commencer, elle a choisi de tourner en Bolivie, si loin de la mer, si loin des côtes où ont abordé Colomb et son équipage, tout simplement parce que le budget "figuration indienne" y sera beaucoup faible. Et puis, cette révolte, c'est bien gentil cette histoire d'eau, mais nous, on a un film à tourner, un budget à respecter. Dans ce contexte, les comportements ne sont pas toujours franchement reluisants et peuvent donner naissance à des tas de petites lâchetés . Qui est bien fort et beau en parole peut s'avérer ... faible et laid. Et réciproquement. Et nous, comment serions nous, dans la même situation ? Il y a aussi le film dans le film, avec une réalisatrice chargée de faire le making-off du film, mais qui s'intéresse finalement davantage à la révolte contemporaine. Il y a tout, vous dis-je ! Et surtout, le bémol ressenti dans "Mataharis" qui, ici, est totalement absent, bien au contraire : un film qui a du souffle, une mise en scène somptueuse, étincelante. Ouahou !