Il y a beaucoup à dire sur ce film, profondément anticolonialiste, il nous entraine dans les méandres d'un tournage qui finira par être relégué au second plan tant les problèmes des autochtones bolivariens sont au-delà de toute comparaison. Pourtant l'équipe va tout d'abord décider de fermer les yeux sur les horreurs et les inepties qui se déroulent devant eux, le film passant avant toute chose car 'l'art perdure', les hommes pour la plupart disparaissent très vite de la mémoire collective. Mais en quoi ce qui dure a t-il davantage de valeur que l'éphémère? C'est très vite une question qui va se poser, une parmi tant d'autres... Tout d'abord, premier point intéressant, cette idée ( peu innovante il est vrai ) de film dans le film ; ainsi les difficultés et les cruautés du casting et de la réalisation en elle-même nous sont, très vaguement, présentées.. Le film va très vite s'accélérer, les scènes tournées sont très évocatrices de ce qui passe dans le présent. Alors que le réalisateur et le producteur souhaitent réaliser des économies en engageant les acteurs sur place ( qui coutent nettement moins cher ), ces derniers font face à un problème autrement plus grave ; le pouvoir désire privatiser l'eau ( 'l'eau c'est la vie ) et c'est une véritable catastrophe pour le peuple qui lutte pour sa survie.. Le parallèle est d'ailleurs intéressant, alors que les 'autorités' dégustent leur champagne dans le luxe et le confort, la population s'est vu retirer jusqu'au droit de récolter l'eau de pluie.. Costa, quant à lui, est obnubilé par le tournage du film, sans scrupule, il pense que tout peut s'acheter, vérité occidentale qui n'est pas totalement démontrée dans certaines zones du monde ( Les femmes refusent de jouer la scène de noyade des enfants car celle-ci va contre leur principe) .. Le film amène alors une multitude d'interrogation à travers un propos engagé, sans tomber néanmoins dans l'outrecuidance et l'excès qui sont souvent l'apanage de la dénonciation politique et du désir de voir changer les choses.. Ainsi, critiquant la condescendance de l'homme blanc, son sentiment supériorité, critiquant les dérives du pouvoir, le clivage abyssal riche/pauvre, l'impunité avec laquelle les autorités peuvent agir, la bêtise humaine en somme, 'Même la pluie' sait rester intelligent et sophistiqué en ne basculant pas dans le pamphlet idéologique sectaire et haineux.. Finalement, par-delà les considérations sociales et économiques, nous avons à faire à un questionnement sur ce que peut être l'Homme, sur sa nature profonde, sa capacité à changer, à l'introspection. Bon ou mauvais? C'est bien ce à quoi il faudra répondre.. Mais n'ayez crainte, il n'y a pas de réponses, il y a des faits, des actes et des Hommes au milieu, qui vivent, se battent et meurent.. Rien de plus.. Un superbe film !