Summer Wars est un film inventif, aux dessins superbes et au scénario très original. Il parvient à mélanger, avec un certain brio, les contrastes les plus saillants de la culture japonaise : on trouve pêle mêle dans l'intrigue des histoires de clan, des histoires de famille, des amourettes d'ados, des conflits familiaux à demi enterrés, des affaires de hacking et de jeux vidéos, des bisbilles familiales et des enjeux stratégiques. On ne peut que lever son chapeau devant la créativité qui anime ce film : un jeune lycéen passionné de code se trouve invité à une fête familiale pour servir de pseudo petit ami à l'arrière petite fille de la patriarche du clan, une aieule fort respectable. Mais voici qu'au même moment se déclenche un cataclysme virtuel, le hacking de l'équivalent d'internet, mais qui ne tarde pas à faire sentir directement ses conséquences sur la vie réelle.
Allez savoir comment, grâce au génie du scénariste, les deux intrigues se trouvent étroitement mêlées, livrant une histoire haletante. Cependant, ce film trouve les mêmes défauts, en plus accentués, que l'opus précédent du réalisateur, Mamoru Hosoda : j'ai cité, la Traversée du Temps. Comme lui, le scénario est original, les histoires d'ado sympathiques, les personnages attachants, le dessin superbe. Mais comme lui, le film souffre énormément de scènes cul cul au possible, dignes des mangas pour ado. Notre beau film s'emporte trop souvent pour devenir, au final, un dessin animé à sensation passant à 7h30 dans les émissions pour enfant : combats théâtraux et grandiloquents à la dragon ball z, jacassements caricaturaux d'ados énamourés, charabia technique pour impressionner, scènes à suspens mais pourtant totalement prévisibles, et surenchère émotionnelle où les testaments de vieilles grands mères côtoient les regrets de gamers en panne de fibre optique. Les clichés s'accumulent, le plus navrant étant celui du petit kikoo addict aux jeux vidéos, brun ténébreux à mèche occultant l'oeil droit, auquel on laisse croire pendant tout le film que gagner des combats d'arcade permet de sauver le monde. Là dessus le kikoo explique qu'il fait ça pour la gagne, pour respecter les dernières volontés de sa grand mère, pour sauver sa famille et pour passer au level 87.
Sans s'attarder sur ces détails, le spectateur comprendra vite que, pour découvrir l'intrigue intéressante de ce film, il devra passer par d'innombrables scènes les plus hystériques et surjouées du monde. Au final, il est dommage que de si bonnes intentions finissent en de pareilles gesticulations pour ados prépubères.