Avis : L'Etrangère - Page 3

Un film éprouvant, évidemment, comme le sont toujours ces films fondés sur l'injustice. On reste en tension pendant 2 heures après 2 minutes d'introduction qui nous disent que l'héroïne ne s'en sortira jamais. Tension d'autant plus forte que jamais, jamais on ne prononce le nom de ce qui cause tous ces malheurs : la tradition. Face à ce non-dit, chacun cherche son coupable : Umay (l'héroïne) l'est aux yeux de toute sa famille. Pour nous spectateurs, on n'en viendrait presque à maudire ces traditions turques, puis, voyant bien que ce serait purement et simplement raciste, on se tourne vers ces conneries que sont le machisme et le patriarcat, pour finir, grâce au très bon scénario et à la mise en scène superbe, par comprendre que tout le monde, turc ou pas, homme ou femme, est embarqué dans une même machine que personne ne comprend plus. Encore une preuve du retour en force du cinéma allemand !

Un film qui vous habite encore longtemps après avoir quitté la salle.... Tout simplement bouleversant, "L'étrangère" dépeint la lutte d'une femme battue contre son mari violent qu'elle vient de quitter et surtout contre une famille émigrée en Allemagne qui refuse et fustige ses choix en vertu de moeurs et traditions conservatrices et communautaristes, dans le cadre desquelles hyperpuissance de l'homme et du père, anéantissement de la liberté de la femme et souci du maintien de l'image et de l'honneur aux yeux de la communauté turque locale sont les maîtres mots.... La performance de Sibel Kekilli est exceptionnelle, elle porte ce film et ce rôle à bout de bras, elle nous prend aux tripes, elle est cette femme digne, courageuse mais quittant la soumission à son mari pour une autre soumission, celle à sa famille, et surtout à un père et à un frère aux idéaux archaïques et dont la violence est aussi bien traduite par des mots que par des gestes. Le film est d'ailleurs une dénonciation de ce traditionalisme et de ce communautarisme exacerbé et fermé à la société moderne dans laquelle évoluent pourtant les personnages... Là où se situe la réussite d'une mise en scène poignante, c'est dans le partage de l'angoisse et de l'inquiétude perpétuelle que ressent Umay, notre protagoniste... Elle quitte la prison que représente son mariage et son couple pour en retrouver un autre, elle qui pensait trouver la liberté et le soutien de sa famille en fuyant pour l'Allemagne.... Ce film pose d'ailleurs de nombreuses questions quant à l'existence de l'idée même de liberté, puisque Umay est en quelque sorte en liberté surveillée, obligée de changer régulièrement de résidence, obligée d'accorder sa confiance sans pour autant se douter que par derrière.... Le sujet est de plus casse-gueule: le film évite globalement la sensiblerie même si c'est parfois un peu trop, notamment la scène finale que je ne dévoilerai pas.... Vraiment une oeuvre magnifique, que je n'oublierai pas de sitôt, qui nous fait également réfléchir quant à la condition de la femme dans le monde d'aujourd'hui et quant aux inégalités persistantes, même au sein des pays occidentaux...

Feo Aladag aimerait que l’on comprenne ou que l’on ait de l’empathie pour tous les protagonistes. De ce point de vue-là, son film n’est pas réussi ! Comment peut-on avoir de l’empathie envers des personnes intolérantes, gouvernées par le poids des traditions ?! Désolé, je n’ai eu que dégoût pour les frères d’Umay et colère pour ses parents. J’ai bien décelé qu’il ne s’agissait pas de religion, et il est vrai, que toutes les religions conjuguées au poids des traditions se valent. Ici, c’est avant tout les traditions séculaires qui pèsent, qui écrasent les communautés. Et ça n’arrange rien avec la religion. Il m’est cependant difficile de dissocier les deux et je me demande jusqu’à quel point la religion n’est pas responsable des traditions. Peu importe, Umay fuit un mari violent et la Turquie pour rejoindre sa famille qui réside en Allemagne. Elle est rejetée parce qu’elle appartient à son mari, à sa belle-famille, à la Turquie et à la tradition. Elle déshonore sa famille en fuyant son mari et sa belle-famille et surtout en vivant seule avec son petit garçon, lequel selon la tradition ou la religion appartient au père ! Peu importe qu’il soit violent ! Umay veut s’émanciper et prendre le contre-pied et de l’éducation donnée par ses parents et des traditions communautaires. On n’accepte pas son indépendance. Elle est l’échec du père, le déshonneur de la famille et la honte sur la communauté. Ce qui me désespère, c’est l’acharnement d’Umay d’être aimée de sa famille. Il y a comme quelque chose de masochiste dans son comportement. Peut-on lui en vouloir ?! Il y a malgré le rejet de sa famille le besoin de laisser un doigt dans la tradition et évidemment le besoin d’être acceptée telle qu’elle est dans sa famille et par-delà sa famille. Mais malheureusement, la famille est elle-même prisonnière des traditions voire de la religion à laquelle elle est rattachée. Pourtant, « Dieu n’a rien à voir là-dedans » comme dirait la patronne d’Umay. Mais quand on est borné, têtu, inféodé aux traditions et à la religion, et surtout quand on veut faire dire ce qu’on veut à Dieu, les oreilles, les yeux et le cœur ne veulent plus répondre devant l’évidence. On peut reprocher au film sa lenteur, je n’ai pas trouvé qu’il soit lent. Le film prend son temps, il suit la tristesse d’Umay, son désespoir, sa solitude ; elle est l’étrangère en Turquie parce qu’elle est allemande, elle est étrangère en Allemagne parce qu’elle est d’origine Turque, étrangère dans sa belle-famille, dans sa famille. On peut reprocher le côté un peu schématique des frères ; seulement, regardons et lisons autour de nous, dans les faits divers ou comme moi dans les cités, le frère se sent investi de l’autorité du père, il en est le relais ; et là peut-on vraiment parler de tradition sans y associer la religion ? Certes, tout peut paraître cliché encore une fois et encore une fois, je répondrai : qui ne vit pas de manière cliché aux yeux de son entourage ? On est toujours le con de quelqu’un. Il ne faut pas se faire d’illusion, nous sommes tous plus ou moins clichés. Ce film est poignant, l’interprétation de Sibel Kekilli est tout simplement saisissante de vérité. Son speech au mariage de sa sœur est déchirant d’émotion. Ce qui me fait enrager dans tout ça c’est qu’il y a des femmes qui continuent à se laisser manipuler par la tradition. Mais quand tout va bien, quand on accepte, personne ne perçoit la manipulation. Et que dire du mariage récupérée de sa sœur, mariage monnayé par les deux familles ! J’ai eu la naïveté de croire que le père en retournant en Turquie, pour rencontrer « un Ancien », allait revenir avec de meilleures intentions. Que l’Ancien lui aurait apporté sagesse, compréhension et compassion. Comme Umay, je me suis raccroché à un espoir. La séquence qui suit dans le salon où le père et les deux frères sont réunis dans un silence qui en dit plus long que des dialogues est éloquente d’horreur. J’ai compris que j’avais oublié la première séquence du film. Les traditions et la religion, quelles qu’elles soient, veulent nous faire croire qu’il y a de l’amour dans leur démarche. En vérité, c’est une peinture satinée qui camoufle une horrible hypocrisie. On aime une image que l’on doit donner aux autres pour être valorisé, respecté, et non pour ce qu’on est tout simplement. Il n’y a pas de place à des sentiments personnels, on doit renvoyer une image surfaite pour satisfaire un entourage, une famille. C’est quoi cet amour téléguidé ? A deux balles !? Désolé, Aladag, je ne peux pas aimer ceux qui veulent du mal à Umay. Même pas les comprendre ! Car j’ai dû mal à accepter qu’au XXIè siècle il y ait encore des hommes qui n’acceptent pas l’émancipation de la femme et n'acceptent pas quelque individu, homme ou femme pour ce qu'il est ou désire être au nom des traditions et de la religion.

- Tu es une étrangère ici. - Je suis une étrangère où que j'aille.. C'est un peu la vérité de ce film, de cette vie qui lui est imposée : aucune place pour le paix et le bonheur dans le bourbier de la stupidité humaine.. Le destin de cette femme et de son enfant bouleverse, surprend et on en ressort changé, abattu, désabusé par la fatalité qui nous est présentée hélas ; y avait-il seulement une issue ? Et est-ce toujours la laideur et la tristesse qui s'imposent ? C'est une vision pessimiste de l'humanité, profondément noir, pourtant parsemé ça et là de quelques stries lumineuses, quelques instants de bonheur avalés par la grande machine de l'horreur humaine. 'L’Étrangère' nous rend presque honteux de nos puériles inquiétudes mais que faire ? Du début à la fin, la fatalité orgueilleuse semble inaltérable. La vie doit-elle toujours se révéler tragique lorsqu'elle est ainsi refusée ? .. Il semblerait que ce soit ceux qui refusent l'amour et le plaisir qui obtiennent le droit de vivre ; cruel paradoxe !

On est à bout de souffle, du début à la fin. Ce film très subtil confronte coutumes et modernité, sans jamais prendre parti. Très beau.

Drame familial réussi et particulièrement bien interprété (notamment par Sibel Kekilli). De retour à Berlin dans sa famille d'origine turque pour fuir un mari violent envers son fils, Umay s'aperçoit que sa venue n'est pas particulièrement appréciée et décide de prendre la fuite à nouveau... Un très beau film, un beau portrait de femme que je suis content d'avoir découvert. A noter une fin déchirante et larmoyante.

un film d'une grande humanité,on en ressort indigné...

Feo Aladag nous impose avec force et sensibilité les affres vécues par son héroïne, Umay, mal mariée et victime de violences conjugales, qui ne trouvera ni réconfort ni compréhension au sein de sa propre famille. Pour un occidental épris de liberté comme moi, plusieurs scènes de ce film sont choquantes et insupportables. En apparence bien sous tout rapport, les parents, les frères et sœur d’Umay ainsi que le reste de la famille traînent au fond d’eux-mêmes le poids d’une culture et d’une tradition de vie difficilement acceptable à notre époque. Efficacité d’un scénario vertigineux, implacable, fluide et sans pathos, la réalisatrice a su également tirer le meilleur de ses interprètes. Sibel Kekilli est époustouflante. C’est réellement un très beau film qui mériterait d’être vu par le plus grand nombre.

Pour son premier film, l'actrice principale est très convaincante dans un rôle bouleversant. La scène de fin est presqu'insoutenable.

Il n'y a pas réellement de mots à rajouter sur l'étrangère. Après visionnage tous les messages que la réalisatrice et actrice a voulu nous faire passer nous sont parvenus droit dans le coeur aussi dévastateur qu'un coup de foudre. Elle y dénonce la religion musulmane oppressive où la femme doit être inférieur à l'homme, le communautarisme turque en Allemagne où la femme doit être mariée avec un autre turc sans avoir à l'aimer et sans avoir le choix de son époux, l'honneur ridicule des hommes de ses familles qui pensent plutôt au regard des autres qu'à l'amour de leurs enfants, petit-enfants ou même neveu dans ce cas précis, et le clivage entre la société allemande actuelle et les immigrés turques qui vivent encore dans une idéologie moyenâgeuse. Seul bémol, j'aurai voulu un peu moins de violences familiales parce que certaines scènes se ressemblent et sont répétitives, alors que la vision du père de l'enfant aurait apporté une petite touche supplémentaire aux arguments de la réalisatrice : Se fiche-t-il réellement de son enfant ? Pourquoi ne vient-il pas le récupérer en Allemagne ? Le résultat n'en reste pas moins excellent !

Ce film qui retrace la douleur de cette femme qui protège d'abord son enfant et vit la douleur du rejet de sa propre famille qu'elle aime est très touchant. Le gamin est très mgnon dans son rôle d'enfant que l'on s'entredéchire. La fin du film est très dure à regarder!

Film qui dit enfin la réalité sur la condition féminine dans certains pays maintenue par "la tradition". Bouleversant, violent et tendre en même temps.Joué et réalisé superbement.A voir.

Voilà un film très attachant , d' abord par l' histoire qui y est contée , celle d' une famille turque en crise d' amour conjugal et filial , ensuite par l' interprétation de ses acteurs , très juste et profonde , par sa fin tragique , mais qui m'a paru quelque peu irréaliste , ou du moins illogique . L' atmosphère rendue par la réalisation est volontairement pesante , pour renforcer la dramaturgie du propos , certaines scènes de silence , où les regards sont de véritables dialogues , sont très significatives et fortes , traduisant ainsi l' incompréhension entre l' héroïne principale et le reste de la famille , à cause d' une sacro-sainte morale d' un autre âge . J' ai beaucoup aimé ce film , qui m'a rappelé un autre long métrage turc , que je possède en DVD , " Head on " , qui s' inscrit dans le même état d' esprit . J' aimerais tant que " l' étrangère " connaisse un succès amplement mérité , parce que c' est un beau film , auquel on pense encore longtemps après sa projection .

Excellent. Actrice remarquable, film tout en finesse, un excellent plaidoyer pour la liberté de la femme. Une fin magnifique. A voir absolument.

Dans le genre film déprimant et insupportable, on peut difficilement faire pire ! Et pourtant, malgré cette dureté omniprésente, la force de ce drame est telle, que l'on sort de la salle enchanté ! On s'attache pendant 2 heures à cette femme libre dans sa tête, mais appartenant à une famille tellement prisonnière de ses valeurs, qu'on ne lui laisse pas la possibilité de vivre la vie qu'elle souhaite ! Entre les pressions familiales, et la menace de son mari violent qui la battait, elle se bat avec intégrité jusqu'au bout ! Malheureusement, et sans dévoiler la fin, le but du film est d'être le plus réaliste possible, et cette justesse sera poussée jusqu'à l'extrême, lors d'un final tétanisant d'intensité ! L'actrice principale possède un jeu d'une force hors du commun, elle réussit totalement à nous bouleverser, lors de scènes à la puissance viscérale incroyable ! On en sort indigné, presque avec les larmes aux yeux, et pourtant, ce film est totalement indispensable, pour bien nous montrer à quel point certaines valeurs peuvent être destructrices ! Une grosse claque !