A couper le souffle. Boum ! L’une de mes dernières claques 2017, à n’en pas douter. Il fait partie de ces films par où je ne saurai commencer ma critique, tels « La porte du paradis », « Les 400 coups »… en gros, vous dire que je suis toujours ébahi devant cet enchevêtrement de situations que j’ai vécues en visionnant « Le territoire des loups ».
Je vais donc commencer par raconter l’histoire. Les mots me viendront sans doute plus facilement ensuite. Synopsis : travaillant pour une compagnie pétrolifère et chargé de protéger les employés des forages contre les attaques d’animaux sauvages, Ottway est muté avec ses équipiers. Pour cela, ils prennent le vol pour Anchorage …qui n’arrivera jamais.
Ici, le réalisateur Joe Carnahan ne se base pas sur une vérité scientifique, il fait un film, nous divertit, et ça, c’est vraiment le plus important. De nous immerger dans des aventures certes improbables mais qui peuvent vite le devenir. Ou comment une meute de loups traque sans relâche des hommes sans défense. Le spécialiste du polar moderne Joe Carnahan (« Narc », « Mise à prix ») nous envoûte par la force inébranlable que Dame Nature possède. Sans limite, sans fatigue, sans impunité et sans remord, la Nature, avec un grand N, trouve avec Joe le point ultime de non-alliance entre l’être humain et les grands espaces. En cela, l’ambiance du film est bigrement bien retranscrite, Carnahan tournant son film entièrement en Colombie-Britannique, Canada. Il filme ainsi à hauteur d’hommes, lit sur les visages la souffrance physique, les maladies, la peur. De même, les paysages sont oppressants malgré les points sublimes que nous propose Masanobu Takayanagi (le directeur photo du dernier récompensé « Spotlight », c’est lui !). Les embardées grinçantes et sifflantes de Marc Streitenfeld (compositeur fétiche du Ridley Scott des années 2000 : « American gangster », « Robin des bois », « Prometheus ») à la musique embarquent nos oreilles en des sonorités inavouables, qu’on oserait pourtant oublier sans songer au calvaire vécu par ces hommes victimes de ce crash, filmé lui aussi de manière la plus réaliste possible, en dépit que nous sommes bien devant un divertissement.
Joe Carnahan a également embauché une bande de baroudeurs tous plus virils les uns que les autres, et c’est sans conteste Liam Neeson, dans la peau d’Ottway et chef de groupe, qui rafle la mise. L’interprète d’Oskar Schindler dans le métrage spielberguien trouve enfin un rôle à la démesure de son talent, et ce, depuis bien longtemps (7 ans !: « Seraphim falls », « Batman begins » et « Kingdom of heaven » sont tous sortis en 2005). Il semble ici porter toute la misère du monde, mais qu’importe car le spectacle étouffant, anxiogène et délétère nous emporte dans des contrées hostiles dans lesquelles Liam Neeson se démène pour survivre. Excellente interprétation Monsieur Neeson !
De plus, le metteur en scène apporte la touche finale en parlant religion (il faut voir le film jusqu’à la fin) et remettant en cause la vie humaine, ou plutôt pour être plus juste, la déchéance humaine. De manière salutaire, le réalisateur de « L’agence tous risques » fait un pied de nez à la mort en lui donnant une âme, celle de tous les survivants de l’accident d’avion. En ce sens, « Le territoire des loups », plaidoyer formel pour la Nature, possède une vision pessimiste pour la vie et peut se targuer d’être la tragédie humaine que Joe Carnahan devait réaliser.
Pour conclure, « The grey »(2012), survival signé et soigné par Joe Carnahan en apparence, est un véritable coup de maître pour un chef d’œuvre glacial et glaçant comme le sang.
Spectateurs, crions au loup !
Interdit aux moins de 13 ans et accord parental souhaitable.
PS : Allociné narre le récit complet du film. Etrange, non ?