Alors que le réalisateur nous avait proposé dans ces deux derniers films une réalisation assez innovante et bien faite, dans un registre comédie d’action, le réalisateur de Mise à prix et L’agence tous risques, Joe Carnahan revient donc aux sources, à ce qu’il semble faire de mieux, comme on a pu le voir en 2002 avec Narc, ici on n’est pas à Détroit mais en Alaska. Le réalisateur signe un excellent film qui est porté de bout en bout par un Liam Neeson décidément excellent et qui n’avait été jamais aussi bon depuis bien longtemps. Le genre est ici totalement revu et repensé en proposant une idée forte originale pas vu depuis bien longtemps : le survival. Joe Carnahan réussit haut la main son paris, il réussit à imposer un véritable travail d’auteur et d’un travail très remarquable permettant peut-être même au film de se positionner comme le film le plus abouti sur la confrontation entre l’homme et la nature depuis l’excellent Délivrance. Les loups ici ne sont pas vus comme de simple prédateurs, on les voit dès le début du film comme alors qu’on assiste à une introduction bouleversante suivi d’un crash d’avion impressionnant. Territoire des loups est donc un film qui se rapproche d’un autre grand film où la nature essayait de reprendre ces droits : Les dents de la mer. On assiste aussi à la vision d’un plan réalisme sauvage comportant certes quelques scènes complètement surréaliste comme le fait de passer d’une montage à une autre, la peu qu’éprouve le personnage principal fini même par nous prendre aux tripes notamment du essentiellement à l’attaque des loups, le réalisateur n’a pas eu peur de montrer la violence des attaques de ces bêtes assez impressionnantes, ceci est vu comme une simple étape sur le chemin vers une forme quelconque humanitaire, sorte de retour à l’état animal et instinctif, ainsi difficile de faire plus juste pour illustrer ce concept de survival. On assiste à des scènes assez violentes et des scènes paradisiaques sur la plage, créant ainsi de l’épaisseur au personnage interprété par Neeson. Le film se permet même de livrer une réflexion sur le deuil, alors que Neeson a lui-même connu cette étape, ainsi quand la fiction rattrape la réalité. Pour ce qui est des personnages secondaires, ils sont ici tous traités à la même enseigne, reprenant de façon symbolique toutes les facettes de l’être humain. Le réalisateur se focalise donc sur le discours pour aborder au mieux le sujet de la mort, de devoir/pouvoir l’accepter, comment la combattre. On retiendra même la dernière scène qui laisse une légère place au doute à ou à l’espoir, le film sinon aborde un ton relativement pessimiste poussé aussi par une mise en scène proche de celle de Narc, caméra à l’épaule atteignant des scènes parfois insoutenables. Le film nous pousse à essayer de comprendre un principe assez rare : la notion de survie et par moment la frontière entre les hommes et les loups restent assez minces, notamment après le crash de l’avion on voit que les humains sont ici vus comme une meute, se cherchant un leader. Bref Territoire des loups est une claque comme on aime en avoir, on en ressort déboussoler après avoir vu ce film, avec un Liam Neeson excellent au possible et le réalisateur qui n’aura été jamais aussi bon.
A aller voir de toutes urgences.