S'il fait la promotion d'un genre sous-exploité au cinéma, "le territoire des loups" ne marquera malheureusement pas l'histoire du séptiéme art au fer rouge. Indépendemment de son scénario ultra-classique mais bien fichu, on éprouve une immense amertume de voir ô combien les personnages sont mal écrits (sauf bien sûr notre protagoniste). Ainsi Liam Neeson dirige une meute d'hommes dans les tapis enneigés de l'Alaska, afin de se preserver des tempêtes, du froid ciselant mais surtout des loups. Des animaux indomptables, offensifs, qui défendent leur territoire et font grief à l'espece humaine d'empiéter sur les terres hostiles de la nature sauvage. Forcément, dans son périple, notre personnage central devra se crédibiliser auprés de ses acolytes, mais surtout se montrer à la hauteur du cadeau qui lui a été fait il y a bien longtemps : la vie. Sans reelle surprise, l'intrigue se clôture comme on s'y attendait, et ce dés le départ. Le montage est bien ficelé, la réalisation soignée, finement découpée et cadrée, mais s'autorise parfois des décors de carte postale dont on se serait bien privé. L'atmosphére générale est oppressante, et en cela on peut louer le travail effectué sur la photographie qui, en plus de rendre l'ensemble assez étouffant, révéle une poésie au film appréciable. La bande originale est tranchante, en parfaite harmonie avec l'oeuvre (mais il s'agit tout de même d'une pâle copie de l'inégalable compositon de John Murphy pour "Sunshine"), et souléve à de nombreuses reprises la puissance scénique de Liam Neeson. Car il faut bien reconnaitre à ce film, en dépit de défauts notables, que son interprete principal porte l'ensemble du début à la fin, sans flancher, et peut dés maintenant considérer sa prestation comme étant l'une des plus marquantes de sa filmographie. Joe Carnahan réalse donc un film en deça des ambitions qu'il promettait. Si bien qu'on en sort ni revigoré, ni vaincu, mais seulement déconcertés. En effet, il y a un message universel à portée des spectateurs. Mais à de trop nombreuses reprises le cinéaste s'oriente vers des séquences bavardes, pas inspirées, et tourne en rond avant de revenir à son théme central : un homme que plus rien ne rattache à ce monde, contraint de lutter malgré tout pour sa survie. Les effets numériques sont sophistiqués (quoiqu'un peu exagérés pour l'Alpha). Certaines incohérences jonchent le film, mais on reste suspendus sur ce fil rouge jusqu'au bout. Personnellement, le film aurait eu beaucoup plus d'impact s'il mettait en scéne la moitié des protagonistes qu'on nous présente. Film sympathique donc, assez banal, qui ne suggére rien et n'entraine pas de reflexion particuliere. Pas mal.