Marc Forster et le fabuleux parcours de Sam Childers direct to DVD. Non pas que le film manque cruellement d’intérêt, non, simplement le montage du cinéaste suisse, celui à qui l’on doit notamment Quantum of Solace, n’est pas à la hauteur des standards actuels, narratifs comme qualitatifs. Le film développe pourtant un destin ambigu, héroïque, une reconversion d’un bandit américain en prêcheur de la bonne parole puis en sauveteur d’orphelin de la guerre au Soudan. Sam Childers existe bel et bien, et ici, c’est Gerard Butler qui endosse le costume de cet homme d’église tout particulier. D’abord camé, violent, assassin puis converti et bienfaiteur auprès d’une population dont il semble s’être attaché vigoureusement.
Si tout n’est pas à jeter, disons que l’avènement d’un héros américain au cœur d’une guerre civile africaine prête à sourire. Certes, l’on se doit de rendre hommage aux actes de l’homme, mais le film, lui, s’avère franchement archaïque dans sa manière de montrer la force de l’occident face à l’impuissance du tiers monde. Si l’américain moyen n’est pas un brave type chez lui, il n’en reste pas moins un monstre de bienveillance à l’étranger. Le constat, sans doute pas volontaire de la part de Forster, est déplorable à l’écran. De ce fait, Gerard Butler hurlant la bonne parole, vidant ses comptes en banque aux profits des petits africains, le tout semble un peu décousu de sincérité, l’acteur étant un mythe de machisme à l’hollywoodienne.
L’on notera aussi l’improbabilité de l’enchaînement des séquences. L’homme est un criminel, drogué, puis, à la suite d’une violente altercation, le voilà disciple d’église, puis entrepreneur dans le bâtiment pour finalement bâtir lui-même son église. Il s’en va ensuite en Afrique auprès d’une mission chrétienne et devient le maître de paix du Sud-Soudan face aux rebelles barbares du LRA. Le tout enchaîner rapidement, maladroitement, est fortement préjudiciable au film, qui prend dès lors des allures de téléfilm facile et sans conviction cinématographique à proprement parler. L’on ne s’étonne pas de la place que tient l’interprète principal, mais plus de la présence de notamment Michael Shannon, ici insignifiant, et de Michelle Monaghan, d’ordinaire plus solide.
Bref, un film qui ne casse rien, qui mérite sa place dans les bacs et non dans les salles. Le spartiate de Zack Snyder en guerre dans un conflit africain comme il y a toujours eu, de bien dégeulasses, et que l’on découvrira encore, malheureusement, dans le futur. L’on n’y croit pas, sans manquer de respect à Sam Childers, l’on ne peut adhérer au film de Marc Forster si l’on possède cette fibre cinéphile indispensable à la bonne lecture d’une œuvre comme celle-ci. Finalement, si Dieu par-ci et Alléluia par-là devienne lassant, l’on n’est tout de même forcé de constaté qu’il s’agit ici d’un hommage à un homme résolu et aux actes bienveillants, ne crachons donc pas dessus impunément. Un autre réalisateur aurait fait bien d’avantages. 07/20