Álex de la Iglesia décrit son film comme "un conte espagnol sur l’amour, le désir et la mort. Une métaphore de l’Espagne, pays profondément marqué par son histoire où la tragédie se confond avec l’humour."
Balada Triste a récolté 15 nominations aux Goya, l'équivalent espagnol des Césars. Le film a également reçu les Prix du Meilleur Réalisateur et du Meilleur Scénario au Festival de Venise 2010.
Álex de la Iglesia a réalisé ce film pour se libérer de ces démons : "Je me sens ridicule, un estropié de la vie à cause d’un passé merveilleux et triste, étouffé par la nostalgie de quelque chose qui n’a pas eu lieu, un cauchemar effrayant qui m’empêche d’être heureux. Je veux annihiler cette haine et cette douleur avec un conte grotesque qui fasse rire et pleurer à la fois."
Álex de la Iglesia a nourri son film des deux personnalités qui l'habitent et qui ne cessent de s'affronter. Il y a tout d'abord celle d'un féroce petit garçon qui le persécute et dont la seule solution est de le laisser "sortir pour qu’il puisse s’éclater, rire à s’en tordre les boyaux et tout vomir sur le celluloïde." La seconde est une femme âgée qui "voudrait pouvoir aimer follement mais elle sait que ce n’est plus possible. (...) elle désire sincèrement rendre les gens heureux autour d’elle." La confrontation de ces deux identités représente un condensé de la vie du cinéaste, "un spectacle confus et absurde, grotesque et décevant mais qui, étrangement, en devient attendrissant par tant d’inepties."
Balada Triste met en scène trois protagonistes qui souffrent. Javier est "une bête assoiffée de vengeance face à cette vie qui l’empêche de vivre", tandis que Sergio est un homme violent et possessif. Enfin, Natalia est une femme qui "n’a pas trouvé sa place dans ce monde."
Film empreint d'humour noir, Balada Triste est pourtant marqué par le thème de l'enfance. Le personnage de Javier est ainsi un homme brisé par son enfance : "Javier est un enfant qui n’a pas eu le loisir de jouer. Tout comme moi, Javier se sent et se sait fragile à cause d’un passé qu’il a perdu (...). Jamais il ne sera heureux, jamais il ne connaîtra le bonheur, parce que sa vie a très mal débuté", explique le réalisateur. Quant à Sergio, c'est un "enfant, brut de décoffrage, primitif et irrationnel".
Le réalisateur a décidé d'ancrer son film en 1973, "l’année de mes huit ans. J’en ai un souvenir entre rêve et cauchemar. C’est peut-être l’année où rêve et réalité se sont le plus rapprochés", explique-t-il. En plein régime franquiste (qui se termine deux ans plus tard avec la mort de Franco), l'Espagne est marquée cette année-là par la nomination de Carrero Blanco au poste de Premier Ministre. Ce collaborateur de Franco trouve la mort la même année dans l'explosion d'une bombe posée par l'ETA. 1973 est aussi la fin de la cavale de El Lute, un prisonnier espagnol célèbre pour ses nombreuses évasions. Il est finalement libéré en 1981, après des années à clamer son innocence.
Antonio de la Torre est l'un des acteurs espagnols les plus courtisés du moment. Récompensé par deux Goya du Meilleur Acteur et du Meilleur Second Rôle, ce comédien a tourné sous la direction des réalisateurs phares de son pays : Daniel Monzón (Cellule 211) l'a dirigé dans Le Coeur du guerrier, Daniel Sánchez Arévalo dans Azul, Pedro Almodóvar dans Volver et enfin Icíar Bollaín (Même la pluie) dans Ne dis rien.
Balada Triste est le premier film qu'Álex de la Iglesia écrit sans son fidèle collaborateur Jorge Guerricaechevarria, également scénariste de Cellule 211 et En chair et en os.
Álex de la Iglesia s'est entouré de techniciens qu'il connait bien. Kiko de la Rica était en effet déjà directeur de la photographie sur Crimes à Oxford et Mes chers voisins. Le monteur Alejandro Lazaro a travaillé sur Crimes à Oxford, Mes chers voisins et 800 balles. Enfin, le chef costumier Paco Delgado collabore pour la cinquième fois avec le cinéaste espagnol.