Tu parles d'un cirque ! Certes, oui, l'expression est bien faible devant le spectacle proposé par Alex de la Iglesia dans Balada triste (de la trompeta, selon le titre en VO, et cela a son importance). Le film, d'un nihilisme intégral, est un cocktail de genres cinématographiques passés au robot mixeur ! De l'horreur, de la comédie noire, du suspense, du gore, du western, du politique, de la tragédie, de la comédie romantique, enfin, bref, tout ce qui peut exister est recyclé et broyé dans un scénario qui a des allures de machine infernale et inarrêtable. Ames sensibles s'abstenir, allergiques aux giclées de sang, aussi, esprits cartésiens, pareil. Avec son arrière-plan franquiste, qui lui donne des allures de métaphore, le film est le théâtre de toutes les outrances et de tous les excès, dans un univers baroque et barré qui rappelle aussi bien Fellini, qu'Hitchcock et, surtout, Frankenstein. Evidemment, devant un truc aussi hénaurme, ça passe, ça casse ou ça lasse. On est tellement souvent dans le n'importe quoi, que les deux dernières options tiennent la corde. Mais, à bien y réfléchir, une telle rage de filmer, et avec quelle maestria, peut aussi faire pencher la balance de l'autre côté, parce que l'aspect jubilatoire de la chose existe bel et bien (pas pour tous les publics, c'est entendu). Contrairement à ce que clame sa campagne de promotion, Balada triste n'est certainement pas le film espagnol le plus original de la décennie, mais plutôt le plus frappadingue et "grotesque" de l'année, et ce, haut la main, et tous pays confondus.