Je ne sais toujours pas quoi penser de ce film. Je l'ai regardé pour découvrir Catherine Deneuve, parce que j'ai toujours eu des à-prioris négatifs sur cette actrice (et en général sur la plupart des "grandes" actrices françaises telles Adjani ou Huppert). Et finalement j'ai beaucoup aimé le film, même s'il est lent et assez contemplatif pour un film de catégorie "épouvante" (ce qui n'est pas pour moi un défaut, c'est même le contraire pour le cas présent). Le personnage principal est hypnotique, saisissant, très troublant, et j'ai adoré ce rôle torturé et limite flippant. Le film m'a scotché du début à la fin, grâce à Catherine Deneuve qui livre une prestation de dingue, je trouve. Avec quasiment aucune réplique (les dialogues dans ce film sont rares), elle parvient à nous exprimer tout le vide, le désarroi et la folie de cette jeune femme, seule face à ses démons. Ce huis-clos oppressant donne lieu quelquefois à des moments de tension intenses, provoqués essentiellement par des bruits (bruits de pas dans la maison, fissures dans les murs). Le film fait parfois un peu peur et le regard de Deneuve (qui fait l'objet de pratiquement tout le film) est envoûtant et poignant. La symétrie entre la première scène et la dernière est brillante, d'ailleurs la toute dernière image du film est extrêmement flippante quand on imagine tout ce qu'elle implique. Le personnage principal ne cesse de regarder cette photographie pendant tout le film et le regard de Carole jeune sur la photo nous est dévoilé seulement à la toute fin, et file des frissons dans le dos. Malgré les non-dits et les silences, Polanski nous dit tout sur ce personnage dramatique et la beauté de certaines scènes est époustouflante. Bref, je n'ai pas grand chose à redire sur ce film, même si parfois j'ai été gênée de voir que Carole n'a vraiment aucune émotion. Elle est tellement morte à l'intérieur qu'elle est inaccessible, et va d'ailleurs faire du mal à toutes les personnes qui tentent de l'atteindre. Qui plus est, ce film psychologique est extrêmement bien monté via des ellipses et fondus noirs qui imposent une lenteur et une froideur à cette ambiance parfois glauque, effet amplifié par l'utilisation du noir et blanc pour l'image. Pour moi, ce film n'est pas loin d'être un chef d'oeuvre si on le regarde sérieusement et sans savoir à quoi s'attendre (je n'avais même pas lu le résumé avant de le voir et ça n'a fait qu'améliorer mon visionnage, je me demande si ce n'est pas la meilleure technique pour profiter pleinement d'un film, d'ailleurs). Du beau cinéma.