Avis sur Les Insomniaques

Adapté d'un roman que je ne connais pas Mocky a encore une fois une bonne histoire mais une réalisation qui pêche. Cette idée d'insomniaques se réunissant de manière anonyme la nuit et décidant de corriger les tares de notre société est vraiment une bonne idée mais comme toujours dans ces films actuels Mocky a un petit budget et ne parvient jamais à concrétiser et ce film qui se veut grinçant voire choquant n'atteint pas son but cependant l'ensemble se regarde sans ennui car le duo Mocky-Putzulu fonctionne et Les Insomniaques réserve quelques moments croustillants. Ca reste réservé en priorité aux mordus et aux habitués de Mocky, les autres resteront incrédules devant ce cinéma.

le Club des insomniaques est une confrérie secrète animée par le mystérieux Boris (Mocky himself) dont la poignée d'adeptes a pour but de jouer les Robin des Bois durant la nuit, dépouillant des crapules ou d'arrogants riches et reversant leur butin au Resto du Coeur notamment.
Le sujet de Mocky aurait fait sans doute, dans les années 60, une satire utopiste et bon enfant à l'intention de Bourvil, avec dans le rôle du policier qui a toujours un temps de retard (joué ici par Mathieu Demy) Francis Blanche. Mais Mocky, en vieillissant est devenu un justicier qui a perdu en humour ce qu'il a gagné en hargne. spoiler: Sa petite bande s'en prend à un malhonnête président d'association caritative, à un député enrichi par la corruption (un grand classique chez le cinéaste) ou à un patron de grande surface ruinant les paysans, entre autres scélérats dont Mocky veut régler leur compte.
. Le justicier Mocky a la dent dure et sa radicalité fait d'ailleurs prendre à la comédie et à l'intrigue un tour spoiler: criminel assez inattendu et plus sombre

Mocky, lorqu'il se fait Don Quichotte, ne fait pas dans la dentelle, ni dans sa réalisation simpliste, faute de moyens peut-être, ni dans le scénario qui ne s'embarrasse pas de vraisemblance, ce qui importe peu finalement. C'est surtout la démarche de Mocky qui interpelle et le jusqu'auboutisme de son personnage, malgré les questions éthiques que le cinéaste n'ignore pas. On ne sait pas forcément faire la part entre Mocky et son personnage de fiction.

Une fois de plus Mocky flingue tous azimuts les abus de notre pauvre monde et nous propose une ballade dans un Paris nocturne pour ses virées meurtrières accompagné entre autres des formidables Bruno Putzulu et Mathieu Demy incontestablement trop rares sur grand écran