Skinner est un petit film d’horreur méconnu, mais qui pourtant a le mérite d’offrir une histoire intéressante, et un excellent travail de mise en scène.
Coté casting, un duo plutôt inattendu porte le métrage, Ted Raimi et Traci Lords. Le premier évidemment était un choix bienvenu pour incarner le tueur (il n’y a pas de suspens dans le film). Il a un physique de psychopathe tordu, et même s’il n’est pas aussi impressionnant que cela, il n’en reste pas moins efficace et convaincant. Face à lui une Traci Lords étonnante. Elle est pour le coup dans un rôle diamétralement opposé à son ex carrière dans le porno puisqu’elle est continuellement vêtue d’un imper bien couvrant, et qu’elle est, la pauvre, bien martyrisée. Elle joue une victime dans sa quête vengeresse de façon tout à fait plaisante, apportant un charisme et une froideur à son personnage vraiment intéressante. Dans le reste du casting il y a déjà moins de choses à retenir, si ce n’est une prestation honorable de Ricki Lake.
Le scénario est un bon point. Le film laisse entendre à la base une bête histoire de serial-killer traqué par une ancienne victime. C’est vrai que c’est un peu cela, néanmoins, Skinner arrive à se distinguer sur ce créneau. Il réserve quelques surprises bienvenues, il y a des moments de suspens parfaitement ménagés, de l’action, et une conclusion audacieuse. L’ensemble fonctionne sans anicroche en n’hésitant pas parfois à lorgner vers quelques audaces grandguignolesques. Il est dommageable que les personnages ne soient pas plus approfondis et qu’il subsiste quelques incohérences car sinon Skinner est un métrage court (1 heure 20 générique compris) qui se suit avec un réel plaisir.
Sur la forme, je retiendrai surtout une mise en scène remarquable. Ivan Nagy n’est pas un grand réalisateur, mais force est de constater qu’ici il se surpasse. Il parvient à créer une tension prégnante, grâce à des choix de cadrages excellents (je note en particulier la fin où cette maitrise se révèle sensiblement, mais il y a un passage quasi « giallesque » non moins décapant dans le film). La caméra est fluide, l’action parfaitement conduite, Skinner m’a impressionné par cette qualité que je n’attendais pas de lui. En revanche il faut reconnaitre une photographie qui n’est pas au point, avec une esthetique de téléfilm peu ragoutante. Les scènes nocturnes sont assez désastreuses, les scènes diurnes ne sont guère meilleures, et il manque une réelle attention. Les décors sont à peine meilleurs, avec une déception assez appuyée dans l’usine à la fin. Skinner n’est pas un métrage extrêmement violent, car la plupart des meurtres sont cachés en fait. Cependant il y a un passage étonnamment choc au milieu du film qui pourra faire penser dans son genre au Silence des agneaux. Le choix musical est plutôt convaincant, bien que l’ambiance sonore ne soit pas assez marquée. Très bonne musique de générique en revanche.
En conclusion, Skinner est un bon film. Porté par un duo d’acteurs solide, dont une étonnante Traci Lords, il tient la route tant au niveau de son histoire que sur le plan formel. Il n’est pas exempt de défauts, et n’est pas dans les hauteurs du film de sérial-killer, mais il vaut le coup.