Plus potaches que jamais, les frères Farrelly délivrent le "Very Bad Trip" des quadragénaires. Osé et drôle, on rit volontiers et, chose rare, jusqu’au bout. Et pourtant le scénario peut sembler assez familier :
meilleurs amis du monde, Rick et Fred sont tous deux mariés depuis longtemps. Lorsqu’ils commencent à montrer des signes de lassitude à la maison, leurs femmes décident d’une mesure radicale pour mettre du piment dans leur vie conjugale : elles donnent à leurs hommes "carte blanche", une semaine de liberté totale où ils pourront faire ce que bon leur semble. Sans aucune question. Au début, cela ressemble à un rêve devenu réalité pour Rick et Fred, mais ils découvrent rapidement, dans des situations hilarantes, que leur idéal de vie célibataire, et eux-mêmes, sont totalement en décalage avec le monde réel
. On comprend le flop américain de ce film. Ce n’est vraiment pas une comédie pour les ados, mais un vrai moment de délire pour des mecs en proie à la crise de la quarantaine. Problème, c’est qu’a priori, ils ont peut-être passé l’âge d’aller voir des films lourdingues. Enfin, c’est ce qu’ils se sont sûrement dit avant de décider d’éviter le nouvel opus des frères Farrelly. Et c’est dommage, car dans le genre "Very Bad Trip", on a ici à peu près tout pour passer un bon moment d’hilarité. Si on écarte les 15 premières minutes un peu molles, car très axées sur le bonheur familial avec enfants, et une fin loufoque qui louvoie facilement du côté des quiproquos (plus un pastiche du slasher qui donne dans le n’importe quoi !), tout le reste est très drôle. Beauf, mais très amusant. Gras, mais vraiment comique. Scato, mais, excusez-moi l’expression, à se pisser de rire. L’esprit de "Mary à tout prix", et le must commercial de la carrière des deux frangins occupe indéniablement les intentions des réalisateurs et suivent sans aucun interdit leurs devises passées, basées sur l’outrance : aller toujours plus loin dans les situations folles, exposer le plus possible la nudité, surtout dans les moments les plus inattendus (gros plan
de cinq secondes sur le matos quasi en érection d’un homme noir bien membré, et dans une position équivoque en plus, la salle ne s’en est toujours pas remise
), et gratifier le verbe des expressions les plus imagées. Pour les personnages d’Owen Wilson (attention coup de vieux !) et de Jason Sudeikis (vedette du "Saturday Night Live", à la télé américaine), deux frustrés de quarante ans qui croient vouloir sortir du quotidien conjugal pour se frotter aux courbes de la jeunesse, la course à la crudité commence quand leurs épouses, lasses des imbroglios sexuels que provoquent l’énergie sexuelle de leurs étalons refoulés, décident de leur donner un "bon à tirer". Une semaine sans femme (elles partent en vacances avec les mômes) et surtout hors mariage. L’instinct du chasseur réussira-t-il pour autant à appâter la gazelle ? Rien de moins sûr. Avec un postulat de départ royal pour les situations les plus ubuesques où le ridicule ne tue pas, mais ne conduit pas pour autant au lit (du moins accompagné), les Farrelly parviennent à garder le rythme et apposent à la mécanique comique une réflexion ouverte sur la sexualité de l’homme et les attaques du mariage contre celle-ci. On les sent moins désabusés qu’aguerris et aussi se moquent-ils de tous les vices masculins avec amusement, mieux, avec un certain attachement. Car, même si la morale conservatrice vient tenter les joyeux lurons du film, ils n’en demeurent pas moins, dans toutes leurs décisions mal placées et dans leur attitude frustrée, des mecs plutôt attachants, à l’image de cette comédie parfaitement recommandable pour ceux qui aiment rire de tout ce qui se passe au niveau de l’entrejambe. Une bonne comédie américaine bien sympathique à recommander pleinement pour passer un bon moment de franche rigolade