Avis sur Sylvia

Excellent film noir qui comporte quelques scènes d'anthologie. Le thème - un privé chargé d'enquêter sur le passé une jeune femme que se prépare à épouser un milliardaire - est classique, mais son traitement est assez original. Certains éléments sont néanmoins peu crédibles, par les exemple ce personnage de privé charmeur et délicat, totalement différent des détectives que nous montre le cinéma américain d'ordinaire. La chute, un peu faible, n'est pas à la hauteur de l'atmosphère noire et cynique qui règne dans ce film. Dommage. Malgré ces défauts, Sylvia est sans doute une des oeuvres les plus personnelles de Gordon Douglas, réalisateur surtout connu pour ses westerns et ses polars.

G. Douglas a eu une carrière prolifique, passant de grosses productions impersonnelles en films de commande, naviguant entre les genres de la série B, et se construisant une carrière hétéroclite. Ce polar en est une nouvelle preuve, surtout du fait que bien qu'inégal dans sa carrière, le cinéaste était parfois capable de rendre des copies parfaitement regardables, et valables. Tiré d'un bon scénario, ce polar se construit sous la forme de flashbacks qui vont nous reconstituer le parcours de la fameuse Sylvia (magnifique C. Baker, qui signe aussi une solide performance digne de son apprentissage à l'Actor's studio, cette dernière étant loin d'être une simple blonde au visage d'ange), avec un héros assez charismatique pour héros (G. Maharis, qui fera essentiellement carrière à la télé). Récit bien mené, mise en scène assez inspirée, avec une très belle photo en N&B, voilà un film assez prenant, qui reconstitue sous nous yeux un parcours d'une violence et d'une intensité assez incroyable. Témoin des violences faites aux femmes, sans que cela ne soit jamais trop appuyé, ce film demeure tristement actuel, et se transcende au détour de quelques séquences. Beau, tragique et assez réussi pour valoir le détour. D'autres critiques sur thisismymovies.over-blog.com

Ressorti en catimini sur une chaine tv, ce chef d’œuvre cinématographique aurait mérité d’une forte considération. Gordon Douglas est un grand réalisateur, c’était le moment d’en parler avec ce film inconnu. Il n’y a pas de scénario mais beaucoup de cinéma : mise en scène, grandes actrices, superbes découpage des flashbacks et des séquences, fil conducteur basé sur l’amour de la littérature et chose appréciable : l’intelligence à tous les instants. Bien que le sujet soit proche de ‘’Laura’’, le regard porté par Douglas sur Carroll Baker est tout autre que celui porte sur Gene Tiernay ce qui donne à ‘’l’enquête’’ beaucoup d’originalité. Outre ses qualités visuelle et émotionnelles la profondeur qui s’en dégage est contagieuse, le spectateur ressort plus riche en considérations humaines. C’est ce genre de cinéma qui justifie son nom de ‘’Septième art’’ et qui me permet d’affirmer que quand la réussite est là, il réunit tous les autres.

Beau film noir, magnifiquement mis en scène par un vieux routier d'Hollywood, "Sylvia" est un portrait de femme réussi, grâce à un scénario bien écrit et d'excellents comédiens, parfaitement dirigés. Caroll Baker est lumineuse et amène au récit une part de mystère qui lui sied. L'épilogue n'est, hélas, pas à la hauteur des 2 heures précédentes mais ne devrait en rien freiner les cinéphiles de (re)découvrir une oeuvre de qualité.