Bon, Simon Werner a disparu m’a attiré par son synopsis mystérieux, et aussi parce que je suis un grand amateur de suspens. Franchement, s’il a des qualités, il a aussi de francs défauts.
Parmi les qualités indéniablement je peux placer l’interprétation. Celle-ci est très propre, avec très peu d’anicroches. Le meilleur reste à mon sens Jules Pelissier, juste et précis, qui donne aussi à la première partie du coup, un intérêt supplémentaire. Ana Girardot ne s’en sort pas mal non plus mais elle est un peu fade, avec un léger retrait par rapport au reste du casting. Pour le reste Arthur Mazet, bien que doté d’un personnage un peu classique et caricatural arrive à tirer de très bonnes choses, et Laurent Delbecque conclue solidement le film. Il y a encore d’autres très bons acteurs, du coté de Serge Riaboukine par exemple.
Autre bon point, le travail formel. Le réalisateur offre un spectacle très intéressant avec une mise en scène raffinée, courageuse, qui se permet des effets de style souvent très bien amenés. Il y a une réelle réflexion qui accompagne les choix de cadrages, les angles d’approche, et cela est réjouissant. Je note aussi, je peux me tromper, une certaine esthétique giallesque à certains moments du film (dont l’introduction). Dommage par contre qu’elle ne soit pas plus exploitée. La photographie est très propre elle aussi, mais avec ce petit hic sur son dédoublement mal maitrisée. Un coup elle est très sobre, joue la carte épurée, un coup elle est chargée, avec des éclairages très travaillés, des contrastes lumineux intenses. Cela dédouble l’atmosphère du film et lui nuit un peu. Les décors sont quant à eux limités mais très satisfaisants dans le contexte du film, et étant donné le budget limité je ne lui en tiendrais de toute manière pas rigueur. La bande son est par contre excellente, elle relève avec bonheur la lenteur du film.
En fait le plus gros souci du film tient dans son scénario. La manière de juxtaposer les narrations au travers de chaque personnage est une bonne idée, et le film tient plutôt bien la route de ce point de vue. Par contre deux gros soucis. Le premier est la lenteur du métrage. Il ne dure pas longtemps (1 heure 20) et pourtant il donne l’impression d’être bien plus long. D’une part car quatre narrations différentes ressassant grosso-modo les mêmes éléments ca finit par être peu digeste, et d’autres part car il n’a pas grand-chose à dire. Des personnages discutent, il y a des rumeurs, des bagarres, des fêtes, mais au final pas d’action, pas d’événement, rien du tout. Et cela amène logiquement à une conclusion désastreuse. Honnêtement j’ai été très déçu par le final, qui n’est pas du tout à la hauteur du reste. L’impression est la suivante : soit le réalisateur ne savait pas comment conclure un scénario trop ambitieux, soit il ne souhaitait pas se fouler davantage. En tout cas c’est vrai qu’il laisse une impression un peu amère, avec cette fin très loin des classiques du suspens.
En conclusion j’ai le sentiment que Simon Werner a disparu est un film courageux, visuellement et musicalement très agréable, mais qui a eu les yeux plus gros que le ventre. Du coup, il y a une déception renforcée lorsqu’un film, plein d’audace, nous offre un résultat scénaristiquement banal. Maintenant il s’agit d’un premier film, il y a clairement du talent chez Fabrice Gobert et chez ses acteurs, je pense que lorsqu’il aura davantage d’expérience il sera en mesure de donner un résultat en adéquation avec ses ambitions (et c’est déjà pas mal dans un cinéma français un peu trop dominé par la pépère-attitude).