Pfiou, mais il est super ce film ! Franchement c’est rare que je sois vraiment enthousiasmé par un film, et je ne distribue pas les 5 étoiles de manière très courante, mais là, je ne peux guère me retenir.
Déjà le casting est juste époustouflant. C’est rare que ce soit l’élément décisif d’un film, mais là clairement ca l’est. Le duo Gere-Ling est juste hallucinant ! D’un réalisme aberrant, ils jouent des personnages intéressants, attachants l’un et l’autre, et avec une justesse qui confine au génie. Autant je m’attendais à quelque chose de solide du coté de Gere (mais il est au summum là), autant je ne connaissais pas suffisamment Bai Ling pour savoir ce qu’elle allait proposer, et c’est d’un très haut niveau. Dur de penser qu’elle a eu une carrière finalement assez fade quand je regarde sa filmographie ! Pour le reste c’est aussi d’un excellent niveau, même si clairement le duo principal truste tout, d’autant plus qu’il est omniprésent (mais pour notre plus grand plaisir).
Le scénario est certes un peu attendu, mais qu’est ce qu’il est bien mené. Les films de procès, ce n’est pas trop ma tasse de thé, mais d’une part le fait qu’il se passe en Chine est une idée géniale car c’est vraiment original et différent, ensuite le rythme est parfait, impossible de s’ennuyer en 2 heures (j’avais un peu peur, d’autant plus que le début se présente de ce point de vue assez mal). Il y a par ailleurs une vraie belle émotion qui perce dans ce métrage, certes sombre par moment, mais on sent toujours une petite lueur d’espoir quelque part, de jolis sentiments, et je crois, de surcroit, que le film est honnête par rapport au regard qu’il porte sur la Chine. Il ne porte pas un jugement à l’emporte pièce. Il aurait été facile de montrer une dictature bas du front, mais il révèle surtout un système aux rouages coincés, qui a du mal à gérer l’héritage passé qui est le sien, son présent communiste, et sa soif débordante de modernité.
Coté réalisation, rien à redire, c’est solide. Avnet offre un travail plein d’efficacité, de dynamisme, et tout cela avec une grande sobriété de moyens qui convient parfaitement au métrage. Rien de tapageur, tout est très simple, et cela sied tout à fait à ce film. La photographie parait plus vieille que l’âge réel du film. Le début notamment me faisait penser plus à un film du début des années 90. Ce n’est pas forcément un reproche d’ailleurs, car j’ai trouvé que cela servait plutôt Red Corner, en le détachant justement d’une trop grande contemporanéité, ce qui, avec ce genre de sujet, est parfois un peu gênant. On touche en effet plus alors à de l’actualité, et il est difficile d’apprécier le regard du film sans la subjectivité que peut nous apporter les journaux ou les informations. Les décors sont pour leur part parfait, très réussis, avec une belle plongée dans la Chine, loin, certes, des beaux paysages et de sa muraille, mais parfois les quatre murs d’un tribunal ont plus de sens à défaut d’être plus pittoresques ! Enfin excellente bande son, aux sonorités variées, asiatiques certes, mais pas uniquement.
En conclusion je dirai que Red Corner est une très très belle réussite. Pour ma part il a vraiment plusieurs mérites évidents. Il évite la surenchère dans la dureté et la violence, que l’on peut percevoir parfois dans ce genre de film. Cela ne le rend pas du tout timoré pour autant, et lui permet je crois de garder la tête suffisamment froide, pour éviter de sombrer dans le manichéisme, la caricature, ou le pamphlet. Il peut s’appuyer sur un rythme tout à fait divertissant qui ne le rend pas du tout indigeste, sur des qualités techniques certaines, et surtout, surtout, sur un duo d’acteurs en béton armé. Gere est profondément humain et on a envie de le sortir de son mauvais pas, et Bai Ling est très attachante, touchante, et comme souvent dans les films où les acteurs sont vraiment émouvants (ou sympas aussi !), ils donnent envie d’entrer dans le film et de leur filer un coup de main ! 5, je serai injuste de lui mettre moins.