Bon Mortal Engines, c'est un peu comme la saga de jeu "Final Fantasy", c'est créatif, c'est beau par moments, mais c'est parfois niais et creux.
Déjà un premier gros point fort du film : il arrive à créer un univers steampunk qui rend vraiment un hommage à cette atmosphère (machineries sophistiquées, technologies récupérées et réassemblées, pas d'électronique...).
Du petit flingue trafiqué de Valentine qui va cracher + de balles qu'une sulfateuse, au fusil à pompe "à effet de recul supprimé" qu'Anna manie à une main, on va explorer ce qu'un délire steampunk peut proposer de mieux.
A noter aussi le design de Shrike superbement réussi pour ce genre d'univers.
Aussi à noter que les couleurs et la photo sont plutôt sympas.
Mention spéciale aux effets violacés du laser quantique ;)
Deuxième énorme point fort du film : le rythme. Peut-être même un peu trop rapide par moments, on est quand même pris dans une histoire où il n'y aura que très peu de temps morts, et on se plait à suivre cette ville mobile de Londres où vont s'enchainer les péripéties, ainsi que les nombreux endroits qui sont visités (la cité dans les nuages est géniale notamment, le "shield wall" aurait mérité d'être plus détaillé mais reste quand même impressionnant).
La scène de l'attaque finale sera dailleurs assez épique, comparable à une mise en scène très Star Wars ou Le Seigneur des Anneaux, bien "fat" ;)
Dernier point fort du film : beaucoup de personnages et d'interactions. Même si l'histoire se concentre sur l'héroïne "Hester Shaw", cette dernière aura deux objectifs très distincts dans le film, vis à vis de Valentine et de Shrike. Mais hormis le personnage de Tom, tous ont un objectif ou un dilemme à résoudre : Valentine, la fille de Valentine, Anna Fang, le maire de Londres...
Beaucoup de personnages qui essaient d'être travaillés.
Ce qui ne va pas maintenant :
L'échelle graphique qui n'est pas du tout à la hauteur de ce qui nous est montré à mon avis.
La ville de Londres est très bien dessinée, mais j'ai du mal à réaliser que cette machine qui se déplace occupe tant de surfaces, et ce sentiment est renforcé par toutes les autres machines qui sont bien plus petites que Londres, et même dans la cité dans le ciel avec les "hautvents". Du coup, je n'ai pas ressenti cette impression de grandiloquence, je n'arrivais pas à estimer la taille et par exemple sur la ville du début j'ai l'impression que c'est assez réduit...3 rues quelques maisons et basta. Bref.
Bon pour la cohérence, là on va rentrer dans le mal :
- Mais comment la sécurité omniprésente laisse rentrer une nana louche avec un foulard sur la tête et des poignards dans les manches ?
- Mais pourquoi ce personnage de Tom qui avait du mal dans sa bibliothèque il y a 5 minutes pourchasse Hester plus vite que Usain Bolt ?
- Mais pourquoi, bordel, Valentine pousse Tom dans le trou...je veux dire ce mec est un nigaud ahuri, il lui dit 5 minutes avant qu'il connait sa bilbio par coeur et qu'il l'idolâtre....et il le pousse. Je veux bien mais bon...le niveau de menace de ce mec est négatif hein
- Pourquoi Shrike, qui a possiblement 1000 ans d'existence, décide de se "désactiver" (on ne sait même pas comment ni pourquoi...) sous prétexte qu'une fille avec qui il a passé 10 ans qui lui a promis de devenir robot est amoureuse d'un mec rencontré la veille ? On peut conserver le mystère mais c'est juste mal écrit, ça tombe trop vite et trop à plat....
Pis le personnage de Tom on en parle ? C'est une catastrophe ce type, l'archétype du héros qui ne sert à rien mais qui reste là quand même parce qu'il est mignon. Non je ne dis pas qu'il a été choisi car il était bg, il est juste "mignon" : c'est un nigaud qui bite tout avec 3h de retard mais qui veut aider et donc squatte les vrais personnages forts que sont Hester et Anna.
Le film enchaine quelques clichés comme ça aussi de temps en temps, ce qui est fort dommage, telle que la fille de Valentine qui va pleurer "ce n'est plus mon père !!!!" à Valentine qui va manquer de dire à Hester "je suis ton pèèèère !" (quelle révélation qu'on avait supposé il y a de cela une bonne heure :D )
Mais alors le pompon c'est le final : Londres pulvérise le Shield Wall, ça fait énormément de morts et tout le reste.
Le lendemain la communauté du Shield Wall accueille les Londoniens et leur prépare les tentes.
Ces mêmes Londoniens qui hurlaient "LONDON LONDON LONDON" en chaine quand ils pulvérisaient des villes, et même devant le Shield Wall la veille.
Est-ce qu'ils sont sérieux ou pas ? Parce que même en l'an 3100, ça passe moyen une telle empathie :D
Bref, un film qui se laisse regarder, à condition de ne pas trop s'attarder sur les détails. C'est une belle épopée, mais qui au final ressemble + à un film pour un public jeune, plutôt créatif mais manichéen et pas toujours bien développé.
On sent la bonne volonté de Peter Jackson d'écrire une nouvelle fresque épique, et malgré la bonne volonté du real, ça ne suffit simplement pas pour en faire un grand film.