Voilà la nouvelle (énième?) saga young adult que tente de nous refourguer les studios en manque qu’ils sont de recettes à succès telles que « Twilight » ou « Le Labyrinthe ». Et il faut dire que les derniers avatars du genre, en plus d’être mauvais (« Darkest Minds », « Kin, le commencement », ...), ont été de monstrueux bides. Ici on a tout de même la caution Peter Jackson au scénario et à la production, ce qui sous entend tout de même un gage de qualité. Alors qu’en est-il? Et bien c’est plutôt pas mal mais c’est loin d’être à la hauteur de certains de ses glorieux aînés comme « Hunger Games ». Mais, fort heureusement, ici pas d’espèce de pilote de série posant les bases d’une saga, en général sans beaucoup d’action, destiné à nous faire poireauter jusqu’à l’épisode suivant (qui une fois sur deux n’existera pas faute de succès). Non, il y a un début, un milieu et une fin et des enjeux conclus avec un déferlement d’action. Et une mythologie à priori passionnante qui se présente à nous.
Dès la première séquence, on s’en prend plein les mirettes. Et cela ne changera pas tout le long des deux heures que durent le film. C’est du grand, du beau et du très impressionnant spectacle. On est dans une dystopie bien sûr, donc on s’immerge dans un monde post-apocalyptique de plus de 1000 ans après nous. Une temporalité prétexte à toutes les folies. Ces immenses villes roulantes, dont Londres semble être la plus puissante, qui avalent de plus petites bourgades sont un sommet d’ingéniosité visuelle. Ces cités prédatrices mouvantes dans les airs ou sur terre et même celle immobiles sont d’une beauté et d’un design à couper le souffle. Les morceaux de bravoure s’enchaînent à un rythme effréné et on prend plein la vue, émerveillés comme des gosses à leur première fête foraine. Hormis le final un peu plus classique en forme de duel entre Londres et la cité immobile de l’Est, on a droit à une succession d’images fabuleuses, de scènes techniquement révolutionnaires et de plans aux effets spéciaux complètement bluffants. Il n’y a pas à dire, formellement « Mortal Engines » frôle la perfection et parvient à innover avec un univers visuel inédit. Peut-être une vague inspiration du côté du « Château ambulant » de Miyazaki par-ci ou du « Dark City » d’Alex Proyas par-là avec ses villes en suspension dans la réalité virtuelle, et encore ce n’est pas flagrant. Mais le concept de cette Londres mobile et affamée restera dans les annales. Bref, vous voulez voyager dans un univers hors du commun, ce film est fait pour vous.
En revanche, c’est au niveau du reste que c’est tout juste potable et qu’il y a de nombreuses scories. Beaucoup de pistes restent en jachère (d’autres cités comme la cité glaciaire d’Archangel sont mentionnées mais c’est tout, le strict minimum est édicté concernant les « non-vivants » et les réelles motivations des « anti-mouvements », ...), cela aboutissant à un sentiment de frustration mais qui peut se justifier par le fait que des suites sont prévues en cas de succès. Mais beaucoup de passages obligés - qui ne devraient pas en être - comme le duo principal qui se fait des œillades, les trahisons, les flashbacks qui révèlent une part du mystère, etc. sont légion. Et certains personnages sont trop peu creusés et ressemblent à de simples caricatures broyées par des dialogues réduits à des utilités fonctionnelles pour faire avancer l’action. Le film manque de temps, on le conçoit, mais sa dramaturgie en souffre et l’épaisseur psychologique des personnages n’a pas le niveau de celle d’un « Hunger Games ». « Mortal Engines » manque donc d’émotion et de tension et se limite à une attraction qui va à cent à l’heure mais c’est tout. Vu le niveau, on passe un très bon moment et c’est déjà pas mal. Mais avec un Spielberg ou un Mendes à la réalisation et non pas seulement un simple technicien, aussi doué soit-il, cette production pompière aurait certainement eu plus de gueule.
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