Le 1er long métrage de ce cinéaste très talentueux et très original qu’est Mikhael Hers . Mais ici on ne trouve pas encore la maîtrise du scénario qu’il démontrera dans le superbe « Amanda » ( à voir absolument ). On est sur un film d’impression, de nonchalance, de nostalgie de la jeunesse , une déambulation dans les parcs de banlieue; pas vraiment d’histoire, on comprend tout juste qu’un groupe de jeunes lycéens se retrouvent quelques années plus tard ,et se souviennent d’un soirée mémorable qu’ils ont vécus ensemble à l’époque. On ne saura jamais vraiment ce qu’il y avait d’exceptionnel dans cette soirée que l’on ne verra pas : vers la fin on croit avoir des indices par une scène avec des héros plus jeunes. Mais tout cela reste assez confus. Reste une formidable approche humaine, assez étrange, qui parait être dans une veine naturaliste, mais dont la force est plutôt expressionniste. Quand il filme une jeune fille qui parle à son père atteint d’un cancer et lui fait sa déclaration d’amour on est au-delà du réel, c’est superbe et touchant . Quand le héros principal parle à sa mère gardienne du susmentionné lycée, vide au mois d’aout (formidable retrouvaille avec Maire Rivière, actrice cultissime de Eric Rohmer) , on est hors réalisme . Idem pour la scène de sexe entre les deux héros, ils mettent 45 mn pour comprendre qu’ils ont envie l‘un de l’autre, et même leurs caresses sont atypiques, la manière de filmer le désir et le plaisir sort de tout schéma habituel, ni excitant , ni sensuel , mais cru , un petit air de Gaspard Noé , en plus distancié . Malgré ses longueurs et son manque de cohérence, le film dégage un charme unique et envoutant, et l’on devine déjà que Hers sera un tout grand.