Une voiture roule sur une route enneigée. La radio diffuse un titre de Rythm and Blues des années 50. Tout d'un coup, plus de réception. Pour entendre la fin du morceau, le conducteur recule de 50 mètres et retrouve la réception. Franchement, un film qui commence ainsi, c'est bon signe ! D'accord, certains penseront que la marche arrière, c'est pour bien voir le panneau publicitaire annonçant l'arrivée à Mouthe, dans le Jura, le village le plus froid de France. Peut-être, mais je me sens le droit de préférer ma version. En tout cas, nous voilà partis pour un polar légèrement décalé, avec, d'un côté, un auteur de ... polars revenu sur sa terre d'origine pour des raisons testamentaires, de l'autre, une petite star locale mettant ses raquettes dans les pas de Marilyn Monroe. Quand l'écrivain arrive à Mouthe, la starlette est déjà morte et va être très vite déclarée suicidée. Ce que ne croit pas l'écrivain. Il y a donc du flashback dans cet air glacial et la recherche d'une vérité qui ne fait pas plaisir à tout le monde. On lit à droite et à gauche des rapprochements avec le "Twin Peaks" de David Lynch et "Fargo" des frères Coen. Certes, mais aussi avec l'atmosphère des films d'Atom Egoyan, impression renforcée par la présence de la comédienne Arsinée Khanjian, madame Egoyan. Un film bourré de clins d'oeil : le premier, c'est le rapprochement qu'on peut faire entre "polar" et "polaire" : la traduction du mot anglais "polar" c'est "polaire", le climat de Mouthe. Puis le chiffre 5 qui apparait sans arrêt et sans raison. Et puis, le fait de donner des noms de membres de l'équipe technique à des personnages du film : le chef op, le monteur. Jean-Paul Rouve et Sophie Quinton sont épatants. Et Guillaume Gouix, un comédien qui "monte". Et Olivier Rabourdin. Et une BO attachante, ne serait-ce que parce qu'on y entend la reprise du "Song to The Siren" de Tim Buckley par les Czars. C'est tout bon, tout ça !
Pour terminer, je tiens à contredire Temple-of-the-dog qui prétend que "Plein de points de départ géniaux n'ont pas été exploités, comme par exemple l'hyper sensibilité aux sons de l'écrivain" : à son avis, pourquoi David Rousseau réussit-il à entendre le bruit que fait une grosse voiture dont une courroie est fatiguée quand il écoute le message envoyé par Candice Lecoeur à sa psy ?