Mazette que c'était long. On a eu beau aimer les chorégraphies, adorer les airs latinos mêlés au RnB, sentir comme une ambiance de West Side Story dans ces quartiers portoricains-cubains-dominicains (et autres)...une autre partie de nous n'a pas pu s'empêcher de trouver le film interminable. D'ailleurs, au fur et à mesure du film, un tiers de la salle s'est vidé, et les autres ponctuaient d'un ronflement ou d'un bâillement les scènes les plus molles (on sait : on vous vend du rêve, là). Aussi, si vous n'êtes pas prêts à encaisser sans broncher 2h30 de chansons (malheureusement jamais mémorables) avec une intrigue qui se borne au train-train quotidien des populations défavorisées de New-York, on vous déconseille cette expérience. On avait pourtant adoré au centuple la comédie musicale Hamilton (dont Lin-Manuel Miranda est ici aux paroles et chansons, et accessoirement en caméo dans le rôle du vendeur de granitas), et on regrette de ne pas avoir autant adhéré à cette mouture version latino. Son message engagé pour la visibilité de ces populations est fort, mais lasse assez vite (il tourne en boucle comme le vieux disque rayé de la Abuela), les effets spéciaux ne sont pas tous bons (la séquence à la piscine nous a rappelé la publicité des bébés d’Évian, l'ensemble de l'animation "pour corriger les gestes" étant mal fait, et idem les tapis qui volent, les danseurs à l'horizontale sur les murs... On remarque souvent le trucage numérique), les chansons sont instantanément oubliables (un comble pour Miranda qui a su nous ancrer à vie ses chansons époustouflantes d'Hamilton), et évidemment on pense qu'une bonne heure de moins aurait permis au film de garder attentif tout son public (voire même de le garder dans la salle, tout court). Ceci dit, on a bien apprécié la performance des chanteurs et danseurs, la scène à la piscine est l'une des plus réussies (la nage synchronisée vue du dessus est magnifique), on se sent vite "comme chez soi" dans cette communauté très accueillante (positive malgré l'adversité, tous regroupés même s'ils ont chacun leur drapeau...) et on ne boude pas de ré-entendre For Your Love (la chanson du Roi fou, dans Hamilton, l'une de nos préférées) en musique d'attente du standard téléphonique (un clin-d'oeil qui nous a instantanément réveillé, pour le coup). Jon Chu à la réalisation est loin d'être un Lin-Manuel Miranda, et si l'on sent l'envie et la fierté apportées au sujet (qui fait du bien), on s'est quand même heurté à la durée excessive du film. La Abuela l'avait dit : "Paciencia !"...