Un classique à la photo MAGNIFIQUE mais trop ennuyeux. 3,65 millions d'entrées en France et Palme d'or à Cannes en 1963.
LES +
- Scènes magnifiques dus à un cadrage et une photo parfaits.
- Acteurs impeccables. Lancaster en patriarche, Delon en fougueux et opportuniste, Cardinale en jolie et pétillante fille de bourgeois.
- Propos intéressant (même si déjà vu et revu notamment dans les Balzac) de Visconti. En gros: la révolution italienne en Sicile se traduit ici par une passation de pouvoir entre nobles de l'Ancien Régime dont le règne a duré plus de 1000 ans et l'avènement de la classe bourgeoise.
Les bourgeois sont dépeints comme des nouveaux riches, n'ayant pas les bonnes manières, n'étant pas élégants, et qui pensent surtout qu'au POGNON ! Et les nobles sont classes, élégants, empleins de pudeur et de distinction, pieux. Le Prince Salina (Burt Lancaster) représente les aristocrates lucides, partisans du "la révolution, ça ne va rien changer". La réplique la plus célèbre du film étant « Si nous voulons que tout reste pareil, il faut que nous changions tout. »
Voilà, au travers de la représentation des personnages principaux (appartenant soit à la noblesse, soit à la bourgeoisie, les paysans et surtout les ecclésiastiques n'ont qu'un rôle secondaire), Visconti brosse un partie de sa vision sociale de la révolution italienne. Pour paraphraser le Prince Salina, c'est la disparition d'un monde de « lions et de guépards », remplacé par un monde de « chacals et de hyènes ».
- Lieux magnifiques qui raviront les amoureux de l'Italie et de la Méditerranée: la villa Boscogrande à Palerme, l'église de Cimina, le Palais Gangi à Palerme (scène des 45 minutes du bal final).
LES -
- Beaucoup d'ennui, trop long. Le vieux prince lucide incarné par Burt Lancaster est ennuyeux bien qu'il soit peint de façon positive comme un homme sage, stoïque et surtout lucide, clairvoyant. La fougue du jeune Alain Delon et de Claudia Cardinale n'aident pas assez à rendre le film plus vivant.
- La thèse de Visconti, communiste notoire, peut être contestée. La publication du roman éponyme de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, qui a servi de base au film, avait ouvert, dans la gauche italienne, un débat sur le Risorgimento en tant que, je cite, « révolution sans révolution ».
- Ce n'est peut-être qu'un détail mais cela choquera les connaisseurs: comment sont réalisés ces charges de cavalerie ?? Je doute fortement que cela se soit passé ainsi en 1860. Depuis Napoléon à la bataille des Pyramides en 1798, l'on sait que pour résister à une charge de cavalerie, les régiments se placent en carrés pour résister de tous les côtés. Toutes les armées du monde l'ont immédiatement adapté: des aux USA aux royaumes indiens etc. Ne me dites pas que l'armée républicaine italienne ne connaît pas cette règle... Voyons !
De plus, les cavaliers chargent, sans prendre de vitesse (difficile dans une ville remplie de barricades), et sont embourbés parmi les soldats à pieds, avant de retraiter quasiment aussitôt. Quel amateurisme !
Que ce soit la noblesse, la bourgeoisie, les paysans ou les curés, Visconti a tout au long du film parfaitement représenté les différentes classes sociales. Mais les charges de cavalerie et l plus globalement les scènes de combat sont dignes d'une série B. Heureusement, il n'y en qu'au début ! Ensuite, nous en sommes épargnés, Dieu merci.
- Enfin, des connaissances, que je n'ai pas, sur le Risorgimento (l'unification des royaumes italiens en un Royaume d'Italie) sont nécessaires pour apprécier pleinement le film.