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Un visiteur
5,0
Publiée le 29 septembre 2006
Un film tourné avec un faste inégalé à mon avis, tant par la beauté des décors que par celle des personnages et de leur subtilité avec en tête un Lancaster qui incarne à la perfection ce guépard à la fois puissant et impuissant face au monde qui l'entoure.
Chef d'oeuvre où Luchino Visconti prend le temps d'entrer dans l'intimité des personnages, de flâner dans la campagne sicilienne, de se fondre dans les silences. Burt Lancaster offre une incarnation magistrale et inoubliable dans le role de ce prince qui assiste avec tristesse au début du déclin de ce pouvoir raffiné et implacable des Nobles, mais qui, paradoxalement, y participe d'une certaine manière, dans une sorte de suicide assumé. Le Guépard c'est aussi la découverte de la belle Claudia Cardinale, le charme d'Alain Delon, l'incroyable scène de bal finale, la sublime photo de Giuseppe Rotunno et la fantastique musique de Nino Rota. Une oeuvre plastiquement irréprochable. Le film est aussi l'histoire du déclin de l'aristocratie et l'avènement de la bourgeoisie, une symphonie tragique balayée par le grand souffle de la mort (Burt Lancaster dans les dernières scènes est ahurissant), film sur le destin des êtres, des peuples et des sociétés. Une fresque monumentale et ambitieuse, dominée par le regard félin de Burt Lancaster. Un chef d'oeuvre de l'histoire du cinéma.
Un des plus beaux films de l'Histoire du cinéma que cette fresque d'une splendeur, d'une beauté plastique et d'une intelligence rarement égalées avec en prime l'inoubliable scène du bal qui dure une heure. Palme d'or méritée à Cannes malgré quelques longueurs.
La version longue italienne est à préférer ne serait-ce que pour la scène de bataille beaucoup plus longue.
Ce film est le sommet du cinéma Italien, largement supérieur à mon goût à "La dolce vita". Pourtant, il y a quelque chose de paradoxal et fascinant: Visconti n'a visiblement rien à nous raconter, juste une histoire romantique avec un bal au final. Mais il met en scène, et là, tout prend sens, c'est animé et époustouflant. Le bal, justement, parlons-en: les couleurs rougeoyantes, les figurants tous ensemble formant un tableau qui a subitement pris vie. La musique, aussi classique soit-elle dans son traitement nous emporte et nous berce au maximum. En plus, il y a un atout, dans la distribution, et pas des moindres: non, ce n'est pas Burt Lancaster ni Alain Delon, excellents. Il s'agit de Claudia Cardinale, au sommet de sa beauté. Elle est tout simplement éclatante et remplit l'écran de par sa présence. Il faut faire le vide avant de voir "le Guépard" et tout simplement admirer. A ce moment-là, tout est sublime...
On a tous vécu cette chose étrange : on regarde un film considéré comme un chef-d'oeuvre par tout le monde (ce film est d'ailleurs réalisé par un metteur en scène que vous admirez) et pourtant, rien à faire : la sauce ne prend pas. On a beau vous dire que le film est un magnifique chant funèbre sur le déclin de la noblesse et de l'aristocratie et qu'il montre le développement des idées républicaines en Italie, vous n'y voyez qu'un film très décoratif, magnifiquement filmé, mais froid. On a beau vous vanter les mérites esthétiques de ce morceau de bravoure qu'est le bal final, vous le trouvez franchement inutile et profondément ennuyeux (il dure tout de même près d'une heure). Bref, vous repartez en étant persuadé d'avoir mauvais goût (et c'est peut-être le cas), mais en vous disant que jamais vous ne revivrez un supplice de 3 h 30. Non, je n'aime pas ce "guépard".
"Le Guépard" n'est peut-être pas le plus grand film de Visconti le cinéaste mais il est certainement celui où sont le mieux exposés les contradictions de Visconti l'homme. "Le Guépard", c'est "La Cerisaie" de Tchekov au temps du Risorgimento, soit la décadence de l'aristocratie (dont Visconti était issu) et la montée en puissance d'une bourgeoisie qui aiguise déjà son cynisme en prévision des beaux jours à venir. Le film est d'un formalisme absolu, ce qui dénote bien le rapport ambigu qu'entretient Visconti avec l'évolution des rapports de classe, un rapport qui allie puritanisme et révolte, dégout désespéré et colère idéaliste. Il est évident que cette fresque sensée se passer en Sicile est peinte à la façon d'un Véronése par un Italien du Nord. De cette impossibilité à embrasser totalement les causes qui l'attirent, Visconti faît naître aussi bien les forces que les limites de son film.