Le passé d'Hollywood fourmille de films glorieux, entre autres, le Guépard, tableau délicieux de splendeurs italiennes. Une fresque historique, retraçant batailles, politique et mœurs d'époques au travers du regard d'un puissant chef de famille, le prince Fabrice, interprété si brillamment par Burt Lancaster. Famille de nobles aux figures multiples et uniques en chacune d'entre elles, avec bien sûr les amants Tancrède et Angelica au sommet. Ce couple est d'une force et d'une beauté telle qu'on en voit rarement dans l'histoire entière du 7ème art : on adore tous Tancrède, ça je ne la cache pas, pour les garçons on l'envie un peu quand même, et les filles qui ont vues le film doivent toutes en être éperdument amoureuse...quant à Angelica, c'est la créature de charme parfaite, c'est Esméralda, la grâce du corps et l'agilité féminine de l'esprit, oui nous autres on l'aime dès qu'elle apparaît en solo dans le grand salon luxueux des Salina. Filmant en plan large la quasi totalité du Guépard, Visconti instaure une dimension spacieuse aux scènes de chasses, aux fusillades dans les rues et surtout épique lors de la séquence intemporelle du bal. Les dialogues se révèlent très drôles durant une bonne partie du film, bien joués par des acteurs excellents, parfois théâtraux (Paolo Stopa). Cependant, le tragique se fait sentir à l'approche de la conclusion. La conversation entre Fabrice et Chevalley reste presque un morceau de bravoure, en paroles. Le Lion voit clair sur ce qui l'entoure, et flaire sa lente chute, jusqu'à ce qu'il en prenne doucement concsience (Burt Lancaster se transcende, en homme imposant fragilisé de l'intérieur, monarque de cœur indétrônable pourtant sur le déclin). Des décors magnifiques encadrent cette aventure passionnée, des majestueuses montagnes arides à la villa fastueuse en passant par les bâtisses de bas étages où rôdent chats et chiens. Mais comme le fait remarquer le prince avec une justesse si pure, ces paysages variés n'égalent en aucun cas la merveille qu'est le duo Alain Delon/Claudia Cardinale, clou du spectacle, et pour lequel je suis prête à revoir ce chef d’œuvre des centaines de fois. Sans oublier les mots si véridiques qui s'y épandent en masse.