Mon cinéma proposait une retrospective européenne, et Le Guépard était proposé dans une version restaurée de 3h25. L'occasion était trop belle, je n'ai pas hésité une seconde à choisir ma place.
Peut-être était-ce le fait de le découvrir au cinéma, mais en tout cas pendant plus de 3 heures j'en ai vraiment pris plein les yeux... Le Guépard est l'une des oeuvres les plus sublimes visuellement qu'il m'ait été donné de voir. La qualité de la photo est grandiose, l'esthétique est à pleurer! C'est vraiment la première chose qui frappe, mais alors quand s'ajoute à cela une mise en scène des plus belles, ca devient du bonheur à l'état pur. J'ai vraiment pris une de mes plus grandes claques visuelles, Visconti a atteint des sommets dans l'art de la réalisation. Il sait filmer les scènes intimes à la perfection, tout comme les rares scènes de guerre et les scènes en extérieur. Travellings, plans séquences, gros plans... Tout y est, c'est une démonstration, un exercice de style.
L'histoire est passionnante. On y suit la déchéance de la noblesse et la montée en puissance de la petite bourgeoisie, sous fond de révolution garibaldienne, une époque qui m'a toujours intéressé bizarrement. On y suit un aristocrate nostalgique, interprété par l'excellentissime Burt Lancaster, qui constate la fin d'une époque, qui marque la fin de certaines valeurs qui seront enterrées à jamais pour laisser place à des nouvelles, en contradiction totale avec les anciennes. Dans son propre entourage, c'est son neveu (Alain Delon) qui incarnera ces valeurs nouvelles, avec toute la traîtrise et le caractère lunatique qui va avec. Delon est génial dans ce rôle. Claudia Cardinale, elle, incarne la fille du petit bourgeois, celle qui se verra accéder au sommet. Le casting est génial, à noter aussi les présences de Serge Reggiani et de l'envoûtant Terence Hill dans un petit rôle intéressant.
Le Guépard est un film au fond passionnant, une fresque historique menée de main de maître et un véritable coup de génie. Je soulignerais également la belle partition de Nino Rota et surtout, pour moi un des points forts du film, la qualité des dialogues. Ils sont superbement écrits, le spectateur a vraiment l'impression d'assister à un grand film intelligent, ces dialogues respirent l'inspiration et l'intelligence. Une oeuvre titanesque, un film qui ne fait que confirmer mon amour du Cinéma, celui avec un grand C.