"Le Guépard" est un film d'une incroyable beauté esthétique. Et sa beauté est comparable à un des films d'Akira Kurosawa, "Ran", ayant le même flux esthètique et la même profondeur du traitement de l'âme humaine, bien que sur ce dernier point, "Ran", est encore plus abouti. "Le Guépard" montre la chute de l'aristocratie italienne et de son prince, faisant ainsi place à l'instauration d'une nouvelle institution, la république. Et cette chute, bien entendue, se fait dans la guerre, comme il est de coutume dans les changements d'époque. La chute de ceux qui furent les maîtres ne se fait pas dans le sang, car apparemment, aucun membre important de la famille aristocratique du prince ne se fait tuer, sinon au pire, sa famille se fait chasser de leur propriété principale, et surtout pour leur sécurité. Ce qui est extraordinaire, c'est la façon de voir les choses de cette famille aristocratique. Tout est bon pour réhabiliter leur honneur, ou du moins pour amortir au mieux la chute inéluctable de leur rang. Les affaires d'arrangement politico-politicienne sont nombreuses, à savoir par exemple, collaboration entre politique, mariages de raison (ou d'amour ?), nouvelle sympathie et union avec l'armée, etc. Même dans la chute, tout est bon à prendre. L'interprétation magistrale de Burt Lancaster en prince Salina vaut son pesant d'or, et Alain Delon dans le rôle de Tancrède sent la joie de vivre et l'inconscience de la jeunesse. Magnifique. Et que dire de la jeune et prometteuse Claudia Cardinal dans le rôle d'Angelica Sedara, tout aussi insouciante, et d'une beauté qui ferait pâlir de jalousie une vierge du paradis. Néanmoins, le film n'est pas parfait, la cause à quelques longueurs mal négociées. La faute certainement à la durée gargantuesque de 3h30 du film. 3h00 de film aurait largement suffit et permis au film de se tirer avec un sans faute. Ce qui lui enlève une étoile. Mais le spectateur demeure. Magnifique.