Les docus, c'est clairement pas du sous cinéma. Oui, j'ose le dire, la catégorie entre dans le septième art. Et celui que j'ai vu aujourd'hui prouve mon ressenti à leur sujet. Souvent efficaces, bien foutus et percutants, comment pourrait-on oser prétendre qu'ils tiennent moins de l'oeuvre cinématographique qu'un film de Michael Bay, ou de Roland Emmerich, par exemple? Surtout lorsqu'il s'agit de documentaires basés sur des reconstitutions. Autant vous dire de suite, "Parcours meurtrier d'une femme ordinaire : l'affaire Courjault" fait justement partie de cette dernière catégorie. Et quelle oeuvre ! Le travail de réalisation est bien celui qui m'a le plus impressionné. Non seulement c'est esthétique, mais la portée narrative ( que dis-je, artistique ) dépasse toutes les attentes. Les sous-textes passent avec aisance, les sous-entendus ne dérangent pas. Faite d'un millier d'effets de style, la mise en scène vise le réalisme, choisissant d'adopter un style très cru pour en décupler la portée. L'effet se veut saisissant, marquant, inoubliable. Il n'a pas été rare, pour moi, d'avoir des frissons devant pareil spectacle. Et voyez-vous, je pense sincèrement qu'un autre facteur entre en jeu, lorsque l'on parle d'effet sur le spectateur : l'interprétation globale des acteurs. Pour tout vous dire, j'avais rarement vu de résultat aussi convaincant dans le genre. Le jeu est globalement puissant, impressionnant; les acteurs, jamais dans le surjeu, paraissent tous à leur place. On appréciera notamment leur ressemblance avec les acteurs originels du procès, soit ceux qu'il concernait vraiment. La meilleure du film est, je pense, celle qui s'y démarque le plus : Alix Poisson, poignante dans son rôle de mère torturée par ce qu'elle a fait et ce qu'elle est vraiment. Et justement, la psychologie de la personne est particulièrement bien montrée : ni pour l'une, ni pour l'autre, le documentaire reste lui-même à sa place, livrant une oeuvre à l'idée neutre, et qui tente de faire la lumière sur un procès en somme tout particulier. Un travail que l'on peut également retrouver dans les répliques de l'oeuvre, reprises, à l'exactitude, du procès originelle. Une véritable volonté de réalisme apparaît donc ici, décuplée par les efforts de mise en scène, cette dernière réunissant, avec un talent inoui, des passages avec les vraies personnes, et les acteurs qui les interprètent. La transition, parfaite, en bouche un coin, tout comme l'émotion transmise tout du long. Une sacrée oeuvre? Jamais n'aurai-je pensé être à ce point impressionné par un documentaire. Du grand art, je dois l'avouer.