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    Parcours meurtrier d'une mère ordinare : l'affaire Courjault
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    MaCultureGeek
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    4,5
    Publiée le 23 janvier 2016
    Les docus, c'est clairement pas du sous cinéma. Oui, j'ose le dire, la catégorie entre dans le septième art. Et celui que j'ai vu aujourd'hui prouve mon ressenti à leur sujet. Souvent efficaces, bien foutus et percutants, comment pourrait-on oser prétendre qu'ils tiennent moins de l'oeuvre cinématographique qu'un film de Michael Bay, ou de Roland Emmerich, par exemple? Surtout lorsqu'il s'agit de documentaires basés sur des reconstitutions. Autant vous dire de suite, "Parcours meurtrier d'une femme ordinaire : l'affaire Courjault" fait justement partie de cette dernière catégorie. Et quelle oeuvre ! Le travail de réalisation est bien celui qui m'a le plus impressionné. Non seulement c'est esthétique, mais la portée narrative ( que dis-je, artistique ) dépasse toutes les attentes. Les sous-textes passent avec aisance, les sous-entendus ne dérangent pas. Faite d'un millier d'effets de style, la mise en scène vise le réalisme, choisissant d'adopter un style très cru pour en décupler la portée. L'effet se veut saisissant, marquant, inoubliable. Il n'a pas été rare, pour moi, d'avoir des frissons devant pareil spectacle. Et voyez-vous, je pense sincèrement qu'un autre facteur entre en jeu, lorsque l'on parle d'effet sur le spectateur : l'interprétation globale des acteurs. Pour tout vous dire, j'avais rarement vu de résultat aussi convaincant dans le genre. Le jeu est globalement puissant, impressionnant; les acteurs, jamais dans le surjeu, paraissent tous à leur place. On appréciera notamment leur ressemblance avec les acteurs originels du procès, soit ceux qu'il concernait vraiment. La meilleure du film est, je pense, celle qui s'y démarque le plus : Alix Poisson, poignante dans son rôle de mère torturée par ce qu'elle a fait et ce qu'elle est vraiment. Et justement, la psychologie de la personne est particulièrement bien montrée : ni pour l'une, ni pour l'autre, le documentaire reste lui-même à sa place, livrant une oeuvre à l'idée neutre, et qui tente de faire la lumière sur un procès en somme tout particulier. Un travail que l'on peut également retrouver dans les répliques de l'oeuvre, reprises, à l'exactitude, du procès originelle. Une véritable volonté de réalisme apparaît donc ici, décuplée par les efforts de mise en scène, cette dernière réunissant, avec un talent inoui, des passages avec les vraies personnes, et les acteurs qui les interprètent. La transition, parfaite, en bouche un coin, tout comme l'émotion transmise tout du long. Une sacrée oeuvre? Jamais n'aurai-je pensé être à ce point impressionné par un documentaire. Du grand art, je dois l'avouer.
    Daniel C.
    Daniel C.

    150 abonnés 721 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 26 août 2017
    Il faudrait peut-être parler de docu-fiction, puisque tout ce qui est des scènes du procès est joué par des acteurs. Le "théâtre de la Justice" est ainsi clairement mis en scène à l'écran. Cela nous montre à la fois combien la justice peut se montrer intrusive (au nom de la recherche de la Vérité, des faits, on n'hésite pas à exposer la vie sexuelle des gens, de les questionner sur leurs ressentis. Et ce, pas seulement pour l'accusée !) et combien le personnel judiciaire se met en scène avec des effets de manche, des rappels à l'ordre. L'éloquence, les allers et retours d'un témoin à l'accusée, puis au procureur ou à l'avocat sont nombreux. En parallèle de ces séances de fiction, dont les dialogues sont fondés sur la retranscription du procès, les protagonistes réels s'expriment. Le mari en particulier, Jean-Louis Courjault, qui parle de son épouse, qu'il continue d'aimer, dont il a mesuré après-coup dans quelle détresse interne elle avait dû se trouver pour commettre l'irréparable. Il se questionne également sur son aveuglement et sa surdité face à sa femme, à ses grossesses, que ni lui, ni personne n'a pu soupçonner. Jean-Xavier de Lestrade nous permet de mesurer que des mots prêt-à-penser comme celui de "déni de grossesse", dont on fait si facilement usage à tort et à travers, ne sont pas si aisés à saisir dans la subtilité du fonctionnement humain. La psychanalyste Claude Halmos éclaire avec tact combien il faut dépasser la monstruosité apparente de l'acte pour comprendre la détresse humaine. Soit on assigne une position de coupable condamnée par avance, soit on distingue l'accusée de ses actes et alors les formules à l'emporte-pièces ne suffisent plus. Jacques Lacan avait théorisé la question de la "division du sujet". Ce film nous en déplie les linéaments. Les journalistes apparaissent dans leur quête de sensationnalisme, on ne peut pas dire que leur représentation soit très glorieuse... Voici un film, qui donne matière à penser. Le terme argotique pour désigner les avocats, c'est celui de "baveux" ; pour les journalistes, c'est celui de "bobardier" ou de "griffonneur de babillard". Dans la famille de naissance de Véronique Courjault, on pourrait dire avec Claude Halmos, que ce sont des "taiseux". Finalement, ce film donne du poids à l'émergence d'une parole authentique (celle de Véronique Courjault et de son mari) même si elle se déploie sur une scène publique. Nous pouvons également mesurer les dégâts occasionnés par l'absence de paroles et en particulier les effets trasgénérationnels : celui qui agit et se retrouve accusé n'est bien souvent qu'un porte-paroles de messages insus. Ce qui est tu ne cesse d'insister à se dire autrement, lorsque les mots ne peuvent le permettre...
    Jean S.
    Jean S.

    2 abonnés 9 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 2 janvier 2018
    Les faits on les connaît ils sont difficiles à qualifier tant ils sont horribles. Le film quant à lui nous interroge sur la complexité de cette femme. Alix Poisson interprète de façon spectaculaire le rôle. Elle a réussi un coup de maître au prix fort.
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