En comparant Contracorriente avec d'autres films ayant comme thématique l'homosexualité et les préjugés, le réalisateur estime que son film représente surtout les "préjugés internes", autrement dit la difficulté du protagoniste à accepter son orientation sexuelle, alors que la majorité des œuvres sur le sujet préfèrent représenter l'oppression et les préjugés provenant de l'extérieur.
Pour son premier long-métrage, le réalisateur Javier Fuentes-León a décidé de se pencher sur un thème qui lui est cher : la masculinité et le rôle de l'homme dans les familles traditionnelles : "Contracorriente est né d'une certaine manière de cette recherche personnelle pour définir ce que signifie être un vrai homme, et quel est son rapport avec l'identité sexuelle."
Bien que Contracorriente soit centré sur une histoire d'amour homosexuel, Javier Fuentes-León affirme avoir voulu chercher l'identification de tous les spectateurs, quelle que soit leur orientation sexuelle. Il estime que tous peuvent s'identifier à celle qui est, après tout, une histoire universelle sur l'amour et sur la recherche de soi.
Le jeune cinéaste Javier Fuentes-León a une trajectoire atypique dans le cinéma. En effet, cet étudiant de médecine a attendu la conclusion de ses études pour abandonner la science et se lancer dans le cinéma. Il enchaîne alors les programmes culinaires à la télévision, le montage de films publicitaires et l'élaboration de sous-titres pour les grosses productions à Hollywood, avant de réaliser ses propres courts-métrages et ensuite son premier long-métrage, Contracorriente.
Les deux acteurs principaux de Contracorriente, Cristian Mercado et Manolo Cardona, sont très connus dans leurs pays d'origine, la Bolivie et la Colombie respectivement. Ils ont tous les deux essayé de percer dans les films américains : Cardona est le protagoniste du Chihuahua de Beverly Hills, alors que Mercado a un rôle important dans Che - 2ème partie : Guerilla, réalisé par Steven Soderbergh. Ainsi pour eux, interpréter le rôle d'un couple homosexuel représentait un risque, mais aussi un défi important pour casser cette image machiste entretenue par la plupart de leurs films.
Curieusement, les deux premiers pays à investir dans le film n'ont pas été ceux d'Amérique latine, mais l'Allemagne et la France, avec des fonds spécialement consacrés au développement des films propres aux pays en développement. Javier Fuentes-León avait essayé, sans succès, de trouver un financement aux Etats-Unis, où le thème de l'homosexualité aurait été plutôt mal perçu par les producteurs. Ce n'est qu'avec l'investissement européen que la Colombie et le Pérou ont accepté de s'engager dans le projet.
Pour le réalisateur Javier Fuentes-León, les structures de financement de films en France sont exemplaires, parce que "la France est fière de créer des auteurs. Leurs films ont certainement l'intention de devenir des succès commerciaux, mais quand le gouvernement n'exige pas le remboursement de l'investissement et qu'il te laisse tranquille pour faire le film que tu veux, on a plus de liberté pour raconter des histoires différentes de la moyenne."
Contracorriente a été le candidat péruvien à l'Oscar du meilleur film étranger en 2010, même si le film n'a pas été retenu parmi les cinq finalistes.
Contracorriente a eu une longue et fructueuse carrière dans le monde entier, étant sélectionné dans plusieurs dizaines de festivals et remportant seize prix internationaux, dont le prix du public dans la catégorie World Cinema à Sundance.
Javier Fuentes-León a déjà deux autres projets en vue, qu'il voudrait tourner soit au Pérou, soit aux Etats-Unis. Le premier raconte une histoire d'amour hétérosexuelle "mal-comprise par la société", alors que le deuxième, un film noir, est construit autour des règles du thriller psychologique.