My Week with Marilyn est un biopic basé sur le roman éponyme de Colin Clark, The Prince, The Showgirl And Me, relatant l’épisode furtif de la rencontre de l’auteur avec Norma Jeane Baker, a.k.a. Marilyn Monroe. A cette époque, la star a 30 ans et est probablement la jeune femme la plus célèbre du monde ; une célébrité qu’elle semble avoir de grandes difficultés à gérer.
SYNOPSIS
1956. Colin Clark, passionné de cinéma, parvient à trouver une place d’assistant sur le tournage du dernier Laurence Olivier : The Prince and The Showgirl. La star donnant la réplique au réalisateur n’est autre que Marilyn Monroe. En quelques jours seulement, Colin se rapproche de la diva et découvre une femme fragile, tourmentée et paralysée par la peur de ne pas être à la hauteur de ce que le monde entier semble attendre d’elle. Harcelée par Laurence Olivier afin d’effectuer une prestation sans faille, bloquée dans un pays inconnu, et nouvellement mariée avec un homme qui semble ne pas l’aimer, Marilyn tourne ses confidences vers le jeune homme, malgré leur différence d’âge et le jugement de son entourage.
“A CAREER IS WONDERFUL, BUT YOU CAN’T CURL UP WITH IT ON A COLD NIGHT”
Cet angle choisi par Simon Curtis pour ce premier film permet à l’oeuvre de se focaliser sur un instant donnée de la vie de Marilyn Monroe, comme si elle en capturait l’essence sur une seule photo, échappant aux sujets vus et revus par de précédentes biographies.
Ici, elle est décrite à travers le regard émerveillé de Colin lors d’un passage furtif dans l’existence du jeune homme de 7 ans son cadet. Déjà lasse d’une célébrité lourde à porter, elle a besoin de sa fraîcheur et surtout, d’être aimée pour qui elle est vraiment. Car ce n’est pas Marilyn qu’aime Colin, mais Norma Jean.
Michelle Williams (Shutter Island, Brokeback Mountain), bien que légèrement moins gracieuse que la star, est radieuse en Marilyn (d’où un Golden Globes mérité et une nomination aux Oscars). L’on sent à travers sa prestation le nombre incalculable d’interview et de films qu’elle a du se farcir afin d’incarner son personnage à la perfection : cette pétulance mêlée de langueur qui faisait son charme. Pour ma part, je trouve que son jeu manquait de la légèreté qui pouvait caractériser Marilyn Monroe, mais il s’agit peut-être d’un choix délibéré de la part du réalisateur : à 30 ans, elle est déjà sous de lourdes doses de somnifères (et autres drogues ?). C’est une période difficile qui précède 5 années de déchéance sur les plans personnel et de la santé, se soldant par un décès controversé (suicide, overdose, assassinat ?).
Marilyn Monroe arrive en Angleterre avec son mari Arthur Miller. 1956. (Source : lancastria.net)
Pour comprendre le mal-être de Marilyn, il faut comprendre que ses statuts de sex-symbol et de star mondiale, interdépendants et entretenus par ses rôles au cinéma, représentent une énorme pression. Sa vie privée, tumultueuse et soldée par de nombreux échecs, la rend malheureuse et insatisfaite. A l’époque de My Week With Marilyn, elle est récemment mariée à Arthur Miller qui, après avoir été fascinée par elle, écrit déjà les pires confidences sur sa femme, “monstre narcissique” qu’il accuse de l’avoir “vidé de son énergie et de son talent”. Le film sous-entend également que durant ce tournage s’est déroulé un autre drame très personnel pour elle, que je ne révèlerai pas pour ne point spoiler.
D’autre part, j’ai remarqué un écart immense entre les louanges adressées en permanence à Marilyn Monroe et ses prestations critiquées lors du tournage – en attend-on trop d’elle ? On a le sentiment que l’on devrait voir une actrice au talent sûr, incontestable, mais l’on se retrouve avec une petite fille apeurée, qui a le trac, et sans cesse prône à imposer ses caprices à son entourage. Face à la double contrainte de se sentir utilisée en tant qu’actrice,, objectifiée en tant que sex-symbol d’une part, et l’adulation dont elle est l’objet d’autre part, elle a dû ressentir un profond malaise et un énorme sentiment de solitude. Ce qui la rend non seulement touchante, mais également insupportable.
Quant au jeune Eddie Redmayne (Deux soeurs pour un roi) – en réalité plus vieux que son personnage, il parvient à incarner cette sorte d’innocence et naïveté propre à un jeune premier confronté au mythe Marilyn.
En conclusion, un bien joli film qui, sans faire partie des réalisations qui marqueront Hollywood, feront passer un moment agréable et touchant en compagnie d’une légende. Quant au livre de Colin Clark à l’origine du film, l’on ne saura jamais s’il s’agit d’une histoire vraie ou des délires mythomanes d’un type qui a pris ses rêves pour la réalité. Mais on s’en fout un peu.