Sous des allures a priori intéressantes, cette tranche de vie à visée symptomatique finit par lasser plus que par séduire. L'incarnation de l'icône -presque infaisable- s'avère ratée, pas totalement mais force est de constater le caractère artificiel de l'épreuve, ainsi que le manque de grâce et de magie (difficilement retranscriptibles) en comparaison avec l'original. Marylin Monroe avait un minois beaucoup plus fin, une allure plus percutante et une aura complètement différente de Michelle Williams, qui assure la tâche sans éclat; autant dire que la prétention à l'incarner se trouve d'avance condamnée. À la limite, en l'état plus jeune, Madonna aurait fait l'affaire. Mieux vaut encore se retaper un de ses bons films plutôt que de se complaire dans une resucée de vieux clichés. L'impression vient d'une sorte de gâchis cinématographique (au vu des moyens), qu'on peut attribuer à un scénario ronronnant ainsi qu'à la piètre originalité du réalisateur, un producteur spécialisé dans d'insipides séries TV. À cet aspect laborieux, du moins factice, redondant, qui nuit à l'émergence de l'émotion, s'ajoute une dimension classiciste lourdingue et une multiplication fâcheuse, inutile, des plans-focale, en particulier sur les scènes d'intérieur. La lumière reste agréable mais la remarquer en cours de route révèle la vacuité de l'oeuvre. Eddie Redmayne, qui avait marqué l'écran dans SAVAGE GRACE, s'en sort moyennement bien avec ses beaux yeux, limite merlan frit. Il se trouve limité par le faible relief de son personnage (associé à une pauvreté de dialogues), ce sous-sous assistant à la réalisation, un joli cœur timide qui se laisse envelopper par le mystère de Norma Jean. Autre acteur montant, Dominic Cooper campe efficacement son rôle secondaire antipathique. Par contre, fraîchement débarquée d'Harry Potter, Emma Watson ne parvient guère à exprimer la jalousie; son jeu trop lisse sonne pas terrible. Le gras Kenneth Branagh apporte une certaine prestance ; plaisir de retrouver aussi Jim Carter, malgré un rôle qui confine à la figuration, sans oublier Judi Dench. Mais on en reste au défilé de galerie et le film tarde à se fixer sur Marylin, au-delà des scénettes fadasses. Cette fiction somme toute poussive, sans punch et très prude, focalisée autour d'une romance contrariée légèrement fleur-bleue, aurait dû en rester au niveau du téléfilm. Finalement Scarlett Johansson, qui aurait été plus appropriée à l'incarnation du personnage, a bien fait de ne pas tourner dans ce navet qui se regarde bovinement.