L’icône, Marilyn se devait d’avoir son étendard cinématographique. Incarné à merveille par Michelle Williams, le film du réalisateur Simon Curtis donne une impression partagée de réussite et d’inachevé, l’ensemble se reposant sur la prestation majestueuse de sa comédienne principale.
L’idylle d’une icône.
De l’exercice de style, au genre en devenir, le biopic est presque devenu un effet de mode que différents studios s’attachent à produire de manière régulière. Marilyn, icône d’une époque, mythe de la gent masculine (et féminine ?), est un personnage cinématographiquement fragile, comme-ci, autour d’elle, était né quelque chose d’intouchable avec l’impossibilité de le narrer de manière formelle.
Simon Curtis tombe sous le charme des deux livres de Colin Clark, racontant son expérience de 3ème assistant réalisateur sur « Le Prince et la Danseuse » et décide d’en faire l’adaptation. S’ajoute sans doute l’impossibilité de ne pouvoir réduire sa vie à un seul film, tant le personnage s’avère complexe. En résulte le choix de ne filmer qu’une courte période de sa vie.
Curtis est un metteur en scène de renom de la scène anglaise, également réalisateur fidèle de la BBC avec ce quelque chose de palpable, cette marque so british de réalisation. Et c’est en cela que le film apporte une ambivalence profonde. Ambivalence entre la richesse de jeu et la faiblesse de mise en scène. Le réalisateur à aucun moment ne séduit par son sens de la dramaturgie, comme ci l’énergie portée à ses comédiens, déjà forts de leur jeu, laissait de côté une once d’envolée visuelle. Curtis se satisfait d’une réalisation pataude et télévisuelle dans les mauvais sens du terme. Il réussit à nous sortir d’un ennui cinématographique par une séduisante photographie ajouter au fait de savourer des scènes de film dans le film que nous rappellent « Le Prince et la Danseuse ». En cela My week with Marilyn donne à ressentir une légèreté marquée de mise en scène, heureusement un panel de comédiens est présent pour donner au film un souffle d’une autre teneur.
Une interprétation incarnée.
Michelle Williams, icône d’un certain cinéma indépendant (allez jeter un œil sur son travail avec Kelly Reichardt) semble par son physique et son jeu précis comme une évidence pour interpréter ce rôle. Prestation validée dès les premiers plans, l’actrice se moue dans un personnage qu’elle modèle à sa façon sans en oublier les origines. Loin de caricaturer « l’originale » Michelle Williams trouve le parfait équilibre, dans une parfaite mesure pour s’imprégner de Marilyn. Là est la force de son interprétation. On ne connaît nullement le comportement privé et professionnel de Marilyn mais entre rumeurs, faits réels et avérés, Michelle Wiliams nous projette de façon immuable dans un rôle marqué et marquant. Explorant alors des visages et comportements opposés d’une même personne, ce rôle au jeu risqué laisse place à la confirmation d’un talent maintenant imposé. Interpréter sans caricaturer, jouer et s’imprégner, sans se perdre. En somme Williams, s’approprie le rôle tout en respectant l’image laissée par l’icône.
Le reste du casting est empreint du sceau anglais avec l’agréable « retour » de Kenneth Branagh dans une parfaite interprétation de Sir Laurence Olivier au mimétisme quasi parfait. Eddie Redmayne apporte ce qu’il faut d’innocence à son rôle et les quelques apparitions de Judi Dench se savourent de manière élégante. Michelle Williams, par son rôle et son interprétation « trône » alors au-dessus de cette envolée artistique d’une unité évidente.
My week with Marilyn reste un film à la mise en scène mineure portée par une prestation majeure. Simon Curtis peine à mettre en scène avec grandeur et technique ce que cette adaptation devait être. Reste alors en parfait contrepoids l’interprétation élégante, majestueuse, tourmentée, juste et habitée de Michelle Williams nous démontrant une fois de plus tout le talent qu’on lui connaissait.
http://requiemovies.over-blog.com/