"Carved" est un film basé sur Kuchisake-onna (littéralement « la femme à la bouche fendue »), l’une des nombreuses légendes japonaises : à l'origine, c'était la femme d'un samouraï plutôt volage et vaniteuse sur sa beauté qui ne se gênait pas pour tromper son mari. Ce dernier, déshonoré, lui coupa la bouche d'un coup de sabre pour la rendre repoussante. Depuis, une légende urbaine glauque circule sur une femme ayant subit le même sort, errant la nuit avec un masque chirurgical pour cacher sa bouche et portant une paire de ciseaux à la main. "Carved" reprend donc le thème de cette légende, mais malheureusement pour en faire une sorte de slasher teinté légèrement de surnaturel, ainsi tout le mysticisme tombe à l'eau. L'histoire est assez banale, peu développée et aurait quand même méritée plus d'effets horrifiques voire gores. Au lieu de ça, nous assistons à un spectacle trop basique, qui parvient même à être incohérent vis-à-vis de la légende (tout se passe quasiment de jour) et qui se la joue aseptisée malgré la volonté de vouloir faire du politiquement incorrect (spoiler: vous aimez les enfants ? ça tombe bien : il y en a une ligotée qui se fait découper la bouche ! ). Malgré cela, "Carved" n’est pas dénué d’intérêt car il a le mérite d’avoir bien représenté son personnage principal : 01) malgré son côté macabre, elle un étonnant charisme avec un regard et des expressions totalement froides. 02) le maquillage de son visage est bien fait et est absolument terrifiant. 03) son histoire personnelle s'avère être assez touchante et lui confère une profondeur dramatique inattendue. 04) le concept de sa réincarnation perpétuelle est plutôt bien pensé. 05) la prestation de Miki Mizuno est impressionnante et éclipse celle de tout le reste du casting. Au final, "Carved" est une adaptation peu fidèle à l'histoire d'origine qui se présente comme une vulgaire chasse aux ciseaux ; mais malgré tout, il arrive à proposer un certain intérêt qui nous donne envie de le suivre jusqu’au bout. Un petit film honnête qui aurait mérité de laisser aller un petit plus dans une certaine démonstration d’hémoglobine.
Au delà de la simple légende urbaine [qui méritait son film], On a, selon moi, une réelle représentation des clivages de la société à travers la relation Parents/Enfants que l'on a pu retrouver déjà dans des films tels que "Nouvelle cuisine"(de façon détournée certes, avec une forme de cannibalisme asiatique) ou encore "Battle royale". C'est à mon avis, l'apect le plus dérangeant du film, puisqu'il s'appuit sur un sujet tabous(la maltraitance) ici mis en scène avec sadisme et violence. Thème assez rarement abordé sur les écrans [Du moins, sous cet angle], c'est en cela que le film prend tout son sens.
Carved (ou "la femme à la bouche fendue") est un film esthètiquement correct et bien mené de bout en bout. à savourer seul ou accompagné ... Pourquoi pas dans une maison abandonnée à toit rouge!