Il paraît presque impossible d'apprécier Retour à Zombieland sans voir accroché au délire potache de Bienvenue à Zombieland : les mêmes acteurs reviennent sous la direction du même réalisateur, et campent leurs personnages en suivant l'écriture des mêmes scénaristes (avec un troisième soldat supplémentaire au bataillon, Dave Callaham (créateur de Jean-Claude Van Johnson et superbe scénariste d'Expendables et Doom). L'humour, similaire à celui d'il y a dix ans, se lie au même genre d'action horrifique au gore burlesque : les effets restent identiques, et ne risquent pas de faire rire ceux qui ne riaient déjà pas en 2009.
Les amateurs y trouveront leur compte, et seront surement surpris, après avoir vu les trailers ridicules, de ne pas tomber sur la suite de trop qu'ils laissaient envisager : l'arrivée dans l'intrigue de la bimbo blonde insupportable (et forcément complètement débile) et du hippie qui s'affichait comme un vecteur de vannes sur la weed faisaient penser aux mauvaises idées de nombreuses suites tardives, qui promettent une belle évolution des personnages en proposant un résultat complètement éculé, simple à imaginer et souvent porté sur une vulgarité témoignant d'une incapacité à reproduire l'humour d'origine (le chien de Le Fils du Mask et le pipi-caca de Kick Ass 2).
Ces deux personnages, qu'on pouvait craindre à juste titre comme l'un des symptômes du syndrome de la suite de trop, surprennent en redynamisant l'univers par la réactualisation de ses enjeux : elle remet en question l'équilibre du couple Eisenberg-Stone et interagit de façon incroyablement drôle avec Harrelson, qui gagne, tout au long de ce Double-Tap, une nouvelle profondeur (au point d'encore plus s'emparer du statut de personnage phare de la franchise). Le hippie, quant à lui, développe le versant émotionnel de ce même Tallahassee en incluant une partie de l'intrigue, ainsi qu'un personnage en particulier, dans une communauté aux moeurs hilarantes en temps de fin du monde (avec en prime de petites pics bien senties, et très drôles, envers l'avenir du Peace and love face aux zombies.
Présenté comme une parodie aux antipodes de l'Alexandrie de Walking Dead, ce camp grotesque s'érige au sommet d'une liste de références méta (les Simpsons et Terminator terminant de compléter le top 3), sans pour autant que cela ne sonne forcé ou opportuniste. Surement parce que Ruben Fleischer, en amoureux du cinéma de genre, propose avec ces citations récurrentes une sélection très large des oeuvres qui ont construit sa culture; à l'instar de Bill Murray dans Bienvenue à Zombieland, cette nouvelle virée dans les contrées des règles et des zombies axera son hommage sur Cameron et ses T-800, témoignant d'un amour sans limite aux films fantastiques et de science-fiction des années 80.
Sans pour autant d'ériger à leur hauteur. Car Fleischer sait, au fond de lui, qu'il n'a pas le génie du sens du spectaculaire de James Cameron, ni l'inventivité visuelle de Ghostbusters. Mais il sait composer avec ses classiques pour proposer au spectateur des divertissements qui assument leur statut de série b (Venom étant l'exception qui confirme la règle), et c'est dans l'action généreuse et pétaradante qu'il excelle. Il paraît dur de lui en vouloir pour quelques vannes ratées et sa mise en scène basique (hors-action) lorsque tout est proposé avec tant de passion, de sincérité et de respect de l'oeuvre d'origine.
Zombieland : Double Tap, à défaut de révolutionner quoi que ce soit, perpétue son univers avec la bienveillance d'un fils reconnaissant de l'héritage de ses parents.