The Master est un film terne, long, voire ennuyeux, illuminé uniquement par le duo magique Joaquin Phoenix et feu Philip Seymour Hoffman. A moins que...
En effet si le film est centré sur l'intrigante relation entre les deux principaux protagonistes, personnages mystérieux que sont cet ancien militaire instable, et ce pseudo-scientifique chef de secte,on a du mal à voir où il nous emmène, à part suivre vaguement la vie à l'intérieur de cette sorte de secte. Pas de suspense ni d'enjeux apparent, on ne comprend pas vraiment le sens des échanges entre Freddie et "le Maître", ni la visée du film. Même la dernière demi-heure qui donne un peu de sens au tout ne parvient pas à rendre cette intrigue psychologique vraiment prenante, on n'arrive pas à se sentir plus impliqué qu'un simple observateur détaché. En fait, malgré la performance étonnante de Phoenix, la mise en scène, autant que sans doute l'étrangeté du scénario, ne retransmettent pas plus qu'une pitié diffuse doublée de curiosité et on ne peut pas rentrer dans ce film pourtant ambitieux et plein de potentiel.
Ainsi, et malgré la qualité du film qui reste bien filmé, intéressant malgré tout et surtout très étrange et complexe, il souffre grandement de ce manque de sens apparent, de cette lacune de sens et de ligne directive.
Voici l'impression que m'a donnée le film sur le moment. Et pourtant la fin du film fait réfléchir. Encore et encore, au point que quelques heures après, on commence à saisir un message d'une intensité extrême et surprenante. Dans un premier temps on va se dire de plus en plus que ce Freddie est une figure bien triste, peu gâté et qu'il doit malheureusement véritablement exister des gens aussi pathétiques (sans aucune connotation péjorative), un peu comme le vieil alcoolique dans Joe, mais la vraie "révélation", le vrai message vient ensuite. En effet, si l'on connaît un peu un certain personnage réel, ses thèses et son histoire, une effrayante analogie finit par se former avec d'autant plus d'efficacité que le film avait semblé terne. De nombreuses scènes revêtent alors une toute nouvelle signification et une question apparaît, étonnamment sérieuse alors qu'on parle d'une fiction:
"Freud, nous aurait-tu tous bernés ?"