The Master fait partie de ces films que je n'ai pas envie de descendre, car l'intention première est vraiment bonne à ne pas en douter. On sent chez Paul Thomas Anderson, réalisateur dont j'avais vraiment apprécié le There Will Be Blood que je surcôte par rapport à mes éclaireurs, une certaine rigueur cinématographique, la volonté d'élaborer un vrai scénario, d'installer une ambiance, de diriger des acteurs.
Le problème vient que ce dernier film est très académique. A tous les plans, ce film n'arrive pas à nous surprendre. C'est la dessus que je baserai principalement ma critique. The Master est très bien filmé : jolies mouvements de caméra, grain 65 mm qui rappel les vieilles photos, jeu subtil sur la lumière. Pour autant rien d'extraordinaire, pas une mise en scène intuitive qui aurait pu appuyer plus profondément la psychologie des personnages, nous faire entrer dans leurs cerveaux. C'est propre, c'est lisse, mais ca manque clairement de folie. La musique appuie bien les scènes, son utilisation est toujours pertinente. Encore une fois cependant, on peut trouver une bande sonore similaire dans nombre de films. Les acteurs sont convaincants, même très justes dans leurs rôles. Joaquin Phoenix est un bon alcolo tourmenté... Philip Seymour Hoffman l'exemple typique du tyran sympathique... bref, très bons dans ce que l'on attendait d'eux. Le scénario traite parfaitement son sujet, la secte, avec ses éléments principaux : humiliation de l'autre, omniprésence du sexe, flatter l'égo dans les moments propices, pousser à la folie, asseoir sa domination. Tout ce qu'on attendait, oui. Mais rien qu'on attendait pas.
Folie, folie, voila ce qu'il manque à Paul Thomas Anderson pour le coup. Le sujet est parfaitement traité, le cinéma parfaitement respecté, mais jamais rien n'est bousculé. Rien n'est en soit critiquable, parce que tout est maîtrisé. Pour lui rendre justice, disons que c'est un film fort agréable, plaisant et instructif, sans aucun défaut si ce n'est la fin foiré. Du bon cinéma qui ne s’avérera pas éprouvant pour ceux qui acceptent sans problème le rythme lent, les longs discours - ici essentiels pour montrer le pouvoir de fascination qu'exerce Hoffman par ses paroles incohérentes -, la belle photographie et l'image.