Voilà un film qui enchante la critique après avoir enchanté moultes festivals. Les adjectifs synonymes de chef d'oeuvre fusent de partout, on parle d'oscar pour Joaquin Phoenix pour sa composition, bref, c'est LE long métrage à voir cette semaine... ou pas car, il manque un mot à la description : rasoir ! Oui, je me suis vraiment rasé à cette projection même si tout n'est pas à jeter, loin de là.
Pourtant les vingt premières minutes sont de celles qui vous font dresser sur votre fauteuil, l'oeil et l'esprit aux aguets tellement la virtuosité de Paul Thomas Anderson est flagrante lors des scènes d'exposition du film. Image, cadrages et plans de toute beauté, bande son formidable, Joaquin Phoenix intense et propos sur cette Amérique d'après guerre totalement pertinent. Mais dès que le film aborde ce qui semble être le sujet principal, même si l'image et la mise en scène restent admirables, l'ennui gagne très vite le spectateur.
Si j'ai bien suivi cette intrigue, Paul Thomas Anderson semble vouloir, à partir de la rencontre d'un ex soldat fêlé, alcoolique et obsédé sexuel avec le gourou d'une secte naissante (La scientologie ?), nous brosser le portrait des Etats-unis coincés entre croyances et dollar, sexe et bien-pensance et quitte à donner un poids psychologique supplémentaire, il s'attaque aussi aux rapports de maître à disciple. Pour ces derniers, rien de nouveau, une dose d'ambiguité et beaucoup de verbiages font l'affaire, l'éclairage n'ayant rien d'original et étant même un tantinet banal. Plus gênante est l'image de la secte qui, bien que l'on sente qu'elle regroupe tout un tas de tarés, est traitée ici avec beaucoup d'indulgence, ne parlant quasiment jamais de son côté mercantile par exemple ou donnant au maître une image de gros bonhomme finalement assez sympathique.
Tout ceci, cependant n'est rien par rapport à l'ennui abyssal qui s'est emparé de moi bien avant la moitié du film. Le scénario peine à progresser et ce n'est qu'une longue succession de scènes de questionnements sur le passé, de voyages spirituels dans le temps, bref tout l'arsenal habituel de lavage de cerveau utilisé. C'est lourdement métaphorique, très répétitif et malgré la mise en scène virtuose, il m'a fallu lutter pour ne pas m'endormir.
Pour finir, je vais me faire des ennemis.
La fin sur le blog
http://sansconnivence.blogspot.fr/2013/01/the-master-de-paul-thomas-anderson.html