Dans le genre astéroïde, la même année, il y a eu Armageddon, pour les amateurs de gros effets spéciaux, de spectacle pyrotechnique, et puis Deep Impact. Deux films d’ailleurs multi-rediffusés car la concurrence dans le genre se limite malheureusement à des sous-productions fauchées souvent indignes !
La force évidente de Deep Impact, c’est d’avoir privilégié, contrairement à son illustre confrère, la dimension humaine, morale, s’attardant finalement peu sur l’astéroïde mais sur ses répercussions sur les habitants (enfin, quelques habitants !). Alors du coup c’est sûr, ne vous attendez pas à du spectacle ! Sur 2 heures de film, on a le droit, au plus, à 15-20 minutes de scènes avec des effets spéciaux, et très peu de scènes de destruction, sauf sur la fin. D’un certain côté ce n’est pas plus mal, car Deep Impact fait son âge à ce niveau, et cette minimalisation fait qu’il n’a pas trop pris de plomb ! Après c’est évident, niveau rythme et action, il vaut mieux passer sur Deep Impact, car on a surtout droit à des dialogues en fait !
Alors c’est là qu’on aborde le noyau dur du film : ses personnages et ses situations humaines. Deep Impact s’est heureusement entouré d’un gros casting, avec des vétérans comme Duvall, Schell, Freeman, Redgrave, et des jeunes comme Wood, Sobieski et même Tea Leoni ! Un beau casting, qui fonctionne bien, avec des personnages finalement attachants dans leurs motivations et leur attitude. Je soutire Duvall, Schell et Leoni du lot, trois acteurs au-dessus, peut-être aussi de par leur personnage et la place qu’ils ont dans le film. Deep Impact offre une galerie de figures attachantes, auxquelles on peut s’identifier, même si évidemment il y a quelques conventions un peu faciles (l’épouse du père…), Des conventions qui se répercutent aussi singulièrement dans l’histoire. Si le film offre des personnages réussis, l’intrigue reste faible. Peu spectaculaire comme dit, Deep Impact n’est pas épargné par quelques lourdeurs. Mettant du temps à débarquer vraiment, le film recourt aussi à des choses pas très concluantes (en particulier tout ce qui concerne l’histoire de Wood et de Sobieski). Je dirai que le traitement des histoires n’est pas égal, le film se concentrant nettement sur les aventures de Tea Leoni et se montrant d’une écriture plus réussie à ce niveau que pour les autres histoires, prévisibles au mieux (celle de l’équipage du Messie), peu vraisemblables au pire (celle de Wood).
Coté réalisation Mimi Leder offre un travail de technicien honorable, mais elle ne se force pas vraiment. C’est surtout vrai des scènes à spectacle, pas très bien emballées, la réalisatrice semblant plus à l’aise avec ses personnages, quoiqu’elle fait un travail d’artisan assez basique. Deep Impact c’est le blockbuster type des années 90, assez proprement emballé mais dans lequel on ne cherche pas à introduire un peu de style et de personnalisation. En la matière je ne doute pas que si Michael Bay est le nom qui vient en premier lieu à l’esprit lorsqu’on parle blockbuster de cette époque, c’est aussi car c’est le premier à avoir vraiment amené sa patte dans un genre qui restait trop conventionnel. Belle bande son à souligner, et très utile vu que le film s’attache beaucoup aux émotions.
Deep Impact est donc un film recommandable, surtout pour ceux qui attendent un peu d’originalité dans le traitement d’un sujet qui manifestement joue souvent la carte du spectacle sur les émotions. Je le dis, c’est du bon film, mais qui traine dans sa première partie, qui n’est pas très égal dans le traitement de ses histoires, et qui reste un peu trop impersonnel sur la forme. J’encourage quand même le parti-pris, et je monte à 3.5