Derniers Avis sur The Fantastic Four

Presque une décennie avant la version de Tim Story, la célèbre famille de héros Marvel avait déjà eu droit à une adaptation. C’est en regardant ce genre de films qu’on peut s’estimer heureux que les effets spéciaux aient si bien évolués depuis 1994. Il est bien difficile de chasser le sourire du visage quand on voit la démonstration pas si fantastique de leurs différents pouvoirs. Une petite mention pour ceux de Johnny Storm avec comme cerise sur le gâteau cette poursuite improbable. Les lecteurs du comic book apprécieront tout de même la volonté de respecter l’œuvre originale si ce n’est que l’Homme-Taupe se transforme ici en joaillier. Les fans de la première heure jetteront rapidement un œil curieux (et amusé) sur The Fantastic Four ; les autres spectateurs feront l’impasse.

C'est en lisant un recueil de Nanarland que je découvris cette première adaptation du comic "Les 4 Fantastiques". Il y en a donc 3: 1994 (bien que jamais montrée au grand public), 2005 et 2015. Qu'on ne vienne plus jamais critiquer les deux de 2005 et 2007 qui sont loin d'être parfaits, certes, mais qui se révèle bien meilleur que les deux autres films.
Concentrons-nous sur le tout premier. On assiste à une production pâteuse et fauchée qui tente tant bien que mal de boucler ce "film" en sachant pertinemment que cette oeuvre est juste bâclée, mauvaise, décalée, ridicule et juste bonne à être un nanar en fin de compte. La motivation des acteurs est aussi remarquable que la qualité des effets numériques ou des costumes, c'est-à-dire désespérante. On s’ennuie, on vomit. Beaucoup. On attend avec impatience le clapet de fin pour pouvoir pleurer avec toutes les larmes de notre corps.
Bref, entre un Von Doom qui adore tripoter les bouches de ses doigts métalliques (on se demandera d'ailleurs, on sont passées ses pouvoirs) et un Ben Grimm pas effrayant pour un sou, en passant par la plus vaseuse des explications de pouvoirs (tu es timide donc tu peux devenir invisible ! Quand même ! Il se passe quoi si je ne pense qu'au sexe ?).
Pour résumer en tout simplicité: j'ai souffert. 1h30 me paraît bien trop long. On comprendra aisément que les producteurs se sont arrangés pour faire disparaître cet étron sauvé par une bande d'irréductibles fous prêts à tout pour saper nos valeurs de respect et de morale.

Trop éloigné du comic. décevant. Même si les effets spéciaux sont très bien, le maillage du scénario n'est pas à la hauteur des personnages

Toute première adaptation des aventures des Quatre Fantastiques, uniquement sortie en vidéo aux États-Unis en 1994, cette production Roger Corman (l'ancien réalisateur de la saga consacrée aux œuvres d'Edgar Allan Poe étant tombé bien bas depuis les années 80) part d'une bonne intention mais s'avère malheureusement catastrophique. Rareté mise en scène par Oley Sassone, un mini-spécialiste des films d'action ringards, The Fantastic Four nous entraîne dans l'impitoyable royaume du nanar à peine assumé où le maigre budget ne joue jamais en la faveur... Il faut dire qu'avec une flopée d'acteurs uniquement choisis pour leurs ressemblances physiques avec les personnages et non pour leur talent, des effets spéciaux d'un autre âge et des décors cheap, cette adaptation ne pouvait pas vraiment tenir la route. Pourtant, l’histoire reste assez fidèle dans l'ensemble et plutôt bien écrite mais elle est hélas entrecoupée d’une sous-intrigue ridicule où La Chose, rejetée, se réfugie auprès d’une bande de clochards tout droit sortis de l’univers glauque et décadent de Street Trash. Un univers psychédélique aussi stupide qu'inapproprié contrôlé d'une main de fer par le Bijoutier, un personnage inutilement inventé pour l'occasion. Pour le reste, nous avons donc affaire à la crème des accessoires low-budget à savoir des effets spéciaux anémiques (la Torche Humaine n'est ni plus ni moins qu'un dessin animé), des costumes de série Z, des scènes d'action aussi palpitantes qu'une ballade en voiture avec Derrick et des bruitages grotesques qui viennent enlever toute forme de sérieux, du moins de ce qu'il en reste. Ratage intégral donc, naturellement renié par un Stan Lee qui a d’ores et déjà oublié la seule existence d'un tel massacre, The Fantastic Four prouve néanmoins que les années 90 n'étaient tout simplement pas prête pour adapter des comics aussi visuellement importants.

Les films de super-héros ont eu un mal de chien à se rendre indispensables aux majors hollywoodiennes. Si on est aujourd’hui dans un âge d’or, 1994 en était le point mort à n’en pas douter.

Un petit point d’histoire sur le film se doit d’être fait, pour commencer. Constantin Films possédait les droits des Quatre Fantastiques, jusqu’à la fin de l’année 1992, si une production ne commençait pas. Les dirigeants de la petite firme appelèrent alors le légendaire producteur Roger Corman pour s’occuper du film, qui n’était pas prévu pour une sortie au cinéma, juste pour garder les droits. Mais ceci, personne ne le savait, hormis les producteurs. Ils embauchèrent donc des acteurs à moitié prix et firent des conventions pour parler du film, censé sortir en 1993, puis en 1994. Malheureusement pour l’équipe du film, toujours pas au courant, le film fut évidemment annulé au moment de sortir. La seule copie officielle se trouverait dans le bureau de Stan Lee.

Heureusement, quelques irréductibles fanboys ont dégoté le film et l’ont leaké sur Internet. Soyons clair tout de suite, The Fantastic Four est une réelle catastrophe. La mise en scène, à défaut d’être académique et oubliable, est absolument anémique, incapable de tenir en haleine le spectateur par les très faibles rebondissements offerts par un scénario honteusement nul, jamais passionnant et toujours éculé. Les acteurs ne sont pas bons, aucune performance ne sort du lot, et aucun n’a vraiment fait carrière après, si ce n’est le brave George Gaynes, qu’on verra dans les Police Academy, plus tard dans les 80’s.

Néanmoins, la bonne humeur et la fantaisie qui sortent de cette production fauchée rendent le tout très regardable, sans être amusant en tout cas. L’ombre de Roger Corman plane sur le film, le chantre de la série B divertissante ne doit pas y être pour rien dans l’unique qualité du film. The Fantastic Four a beau être plus qu’oubliable, contournable et inepte, il en reste néanmoins inoffensif et sympathique.