J’avais vu « Dune » à sa sortie et en étais ressorti déçu. Moi, qui avais tant aimé « Elephant man »! J’étais persuadé que David Lynch ne me décevrait pas. Quelle déception ! Et d’autant plus déçu que « Alien », « Star Wars », « Blade Runner », « E.T. », m’emportaient par l’imagination des effets spéciaux. « Dune » me paraissait d’une autre époque. Un film déjà vieux. Daté. Je n’ai rien contre les vieux films, ils ont leur charme, mais là, ça me semblait difficile à accepter. Depuis, j’ai revu le film par trois fois avant de voir le « Dune » de Villeneuve et suis toujours autant déçu. Avec le temps, je me demande si ce n’est pas tout simplement assumé ? Conforme à l’anticonformisme artistique de David Lynch ? Un côté désuet charmant ? Et que dire des quelques séquences déclamées comme du vieux théâtre ? Là aussi, était-ce assumé ? Possible mais pour moi, c’est raté. Ou plus exactement, ça n’a pas fonctionné chez moi. Ça n’a jamais fonctionné ! Car au-delà de ces effets soit disant spéciaux, je n’ai jamais été touché par les personnages. Si la trame du récit demeure solide, les personnages m’ont gardé à distance. Dommage, il y avait une sacrée distribution. A commencer par Kyle MacLachlan qui s’en est à peu près bien sorti. Malheureusement tout paraît précipité, de son innocence à son autorité ; comme sa relation amoureuse avec Chani (Sean Young) : platonique, évacuée. Le réalisateur ne s’attarde pas sur eux. Sans doute faute de temps, de budget. Je ne ressens rien pour ce couple. J’aurais aimé être content pour eux. Tous deux sont transparents, insignifiants. Enfin, comprimer les deux volumes de « Dune » en un peu plus de deux heures était un pari impossible. Il est vrai, David Lynch n’a pas été aidé en la personne de son producteur Dino De Laurentiis ; celui-ci a joué du ciseau en effectuant de nombreuses coupes au montage. L’échec de « Dune » est en grande partie l’oeuvre du producteur. Cependant, David Lynch a eu le mérite d’adapter l’inadaptable. Il a ouvert une porte du possible. J’ai revu le film trois fois entre 1984 et 2021. A chaque fois, je lui ai laissé une chance, et avec l’âge, suis toujours autant déçu. Contrairement aux vins, au rhum, « Dune » ne s’est pas bonifié avec l’âge. Ça n’a jamais été un bon cru, de mon point de vue. D’aucuns considéreront « Dune » comme un film culte. Une consolation pour David Lynch.