« La neige. Pour vous c’est gai, c’est joli, c’est Noël, la montagne. »
Sixième long métrage d’Edouard Molinaro, réalisateur connu pour le succès de ses comédies (Oscar, 1967, L’Emmerdeur, 1973) et ses adaptations de pièces de théâtre (La Cage aux Folles, 1978, Le Souper, 1992), il s’agit également de la deuxième collaboration entre le réalisateur et les frères Tabet, musiciens et dialoguistes (Le Corniaud, 1965, La Grande Vadrouille, 1966). Le scénario (l’adaptation d’un roman de Fred Noro, « Un certain code ») est cosignée André Tabet, Edouard Molinaro et François Nourissier.
Au casting, on retrouve Dany Carrel, vendeuse naïve et amoureuse, hélas trop peu présente, Roger Hanin, crédible dans un rôle autre que de grand escogriffe, Claude Brasseur, encore jeune acteur pétulant, Jean Lefèbvre, qui en fait des caisses mais pas longtemps, Pascale Audret, actrice qui n’a jamais vraiment vu sa carrière démarrer, Michel Vitold, grand acteur de théâtre et acteur de cinéma un peu oublié, Billy Kearns, Américain de service, Jacques Monod en tireur de ficelles obséquieux, Daniel Cauchy en petite frappe au jeu assez insupportable, Jeanne Aubert, dans l’un de ses tout derniers rôles et même Claude Chabrol, en clin d’oeil figurant, comme un lien avec la Nouvelle Vague à laquelle Molinaro n’a jamais adhéré,
Il faut une bonne dizaine de minutes pour que l’histoire démarre après que le réalisateur a fini de poser ses principaux personnages et le cadre. Et encore. « Démarrer » est un bien grand mot tant ce film, au rythme lent, ne sachant jamais sur quel pied danser entre la comédie et le drame, porté tantôt par des dialogues enlevés, tantôt par des platitudes, ne démarre jamais vraiment. Il y a bien un vol, un enlèvement, des espions et des contre-espions, des poursuites, des bagarres, des coups de feu mais sans profondeur, hélas sans assez de légèreté non plus, malgré la caméra subtile de Molinaro, le jazz endiablé de Martial Solal et la présence d’un Claude Brasseur qui s’amuse de tout.
Les ennemis est, au final, un film complètement inabouti, ce qui est d’autant plus dommage qu’il y avait du matériel narratif et interprétatif pour en faire une vraie bonne comédie d’espionnage, bien ficelée.