Le thriller d’épouvante serait-il devenu une spécialité espagnole ? En effet, depuis quelques années, le cinéma Espagnol affiche une certaine virtuosité en la matière. On se souvient encore de [Rec], ou bien de L’Orphelinat. Les Yeux de Julia poursuit cette lignée, avec toujours autant de réussite.
D’emblée, la première scène, la mort de Sara, nous donne le ton. Le ton d’un film où l’angoisse sera bien présente. Lorsque Julia (excellente Belén Rueda, vue dans L’Orphelinat) apprend la mort de sa sœur jumelle Sara, elle ne croit pas au suicide. Tout comme sa sœur, Julia est atteinte d’une maladie dégénérative des yeux, menant vers la cécité. Elle mène alors sa propre enquête, et s’isole tandis qu’elle perd à son tour progressivement la vue, ce qui ne ravit pas son mari, interprété par un Lluis Homar mystérieux (lui-même aveugle dans Etreintes Brisées de Almodovar).
Au fur et à mesure que l’intrigue avance, Guillem Morales s’amuse avec un talent certain à brouiller les pistes, à nous perdre, à nous frustrer par sa caméra subjective, et à nous aveugler nous aussi, grâce à de judicieux choix de réalisation. Tout comme Julia dont il adopte le point de vue, un point de vue de plus en plus aveuglant, sa caméra nous enferme et nous isole peu à peu, nous privant notamment du visage des personnages environnants, ou filmant l’obscurité avec aisance. Le scénario multiplie les rebondissements, et les fausses pistes, pour s’achever dans un final des plus terrifiants. Si l’idée de base pourrait sembler ne pas être si originale (un parallèle pouvant être effectué avec un autre film, dont je terrai le nom, à défaut de vouloir trop en dire), Les Yeux de Julia n’en demeure pas moins un thriller noir - dans tous les sens du terme - très efficace, à la tension permanente, et à l’angoisse grandissante. Bref, un film pour tous ceux qui n’ont pas peur du noir…