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Un visiteur
5,0
Publiée le 21 février 2011
Le réalisateur nous laisse le temps de faire connaissance avec cette vieille dame au corps déformé, qui malgré les épreuves de la vie (torture, agonie et mort du père, assassinat de sa meilleure amie, survie au milieu des nazis, ...accident et mort du fils lors du reportage,...) , se montre encore être une femme vive et passionnée par son métier qu'elle continue à exercer. Moment cocasse avec un musicien qui l'aide à trouver la musicalité du texte, ainsi que les mots les plus justes possibles. On peut en effet regretter que le temps consacré à l'explication de la traduction soit trop bref. Par contre je suis en parfait désaccord avec ceux qui disent qu'elle n'éprouve aucune émotion ou qu'elle fait du déni de réalité à l'évocation du massacre et de l'implication de son auteur l'officier qui l'ai aidé plus tard. Je peux tout a fait comprendre qu'on soit mal à l'aise en entendant de tels propos mais elle nous explique très bien cette difficulté à intégrer la notion d'inhumanité d'une personne. Comment lui reprocher sa reconnaissance à l'Allemagne de Goethe , de Tomas Mann, qui par l'intéret de la littérature lui a donné sa motivation de vivre.
Film magnifique, femme magnifique. N'en déplaise aux petits juges qui d'une phrase semblent détenir LA vérité. Cette jeune femme de 18 ans emportée par l'Histoire (son père a été tué par le stalinisme) s'offre le luxe et la liberté de dire merci au peuple allemand (celui de Goethe et Thomas Mann) et de donner une leçon à ceux qui oublieraient que "la fin justifie les moyens" notamment en politique. Elle dit que Babi Yar (le sinistre ravin de la Shoah par balles à Kiev) résonne encore et que ce déni d'histoire ukrainienne résonne encore comme le bruit des balles. Elle y a d'ailleurs perdu sa meilleure amie. Elle dit aussi merci aux allemands de la Wermacht, sans se justifier (et pourtant ! puisqu'elle n'a été sauvée que par des résistants anti-nazis de l'armée, notamment les sangs bleus, ces aristos de l'armée allemande qui haïssaient Hitler) ; quelle classe ! Allez, un peu d'Histoire pour ceux qui écrivent ce qui leur passent par la tête, c'est à dire, au fond, pas grand chose : http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9sistance_allemande_au_nazisme C'est bien peu de choses, mais au moins y puiserez-vous quelques éléments critiques. Bravo pour ce film ! Une respiration cinématographique pour une époque, hélas !, si pauvre intellectuellement !
je partage largement l'avis de cinéphile et j'y ajoute seulement que la personne de svetlana est d'autant plus efficace dans son déni de la réalité qu'elle est très sympathique et convaincante dans son rôle de femme de lettres. Malheureusement je finis par n'y voir qu'une belle figure de propagande.
Un film à la photographie subtile, baignant dans la lumière d’un double labeur : celui de l’érudition, de l’ascèse, du respect du texte. Et celui des petits gestes du quotidien, de la mesure, du travail de la main. Au-delà de la thématique principale, qui est finalement annexe (la traduction des ouvrages de Dostoïevski), il y a une main au travail de l’intelligence. Aristote l’a dit, il y a quelque chose de la main dans le geste intellectuel. Un très beau film, n’en déplaise à certains.
Evacuons la forme sans intérêt. Venons-en au fond. Déjà il ne s'agit nullement d'un film sur la traduction de Dostoïevski. Ce sujet n'est évoqué qu'en début et en fin de façon anecdotique et superficielle. Surtout, le vrai sujet du film est la biographie de Svetlana Geier, notamment la jeunesse de celle-ci. Le point focal du film est le moment où cette vieille dame déclare la dette immense qu'elle a vis à vis de ce pays merveilleux qu'est l'Allemagne, cette merveilleuse Allemagne, qui par la grâce d'un officier nazi lui a donné en 1941 un travail de traductrice, cette merveilleuse Allemagne qui en 1943 lui a offert le voyage Kiev-Dortmund, un passeport et une bourse pour étudier. Chacun sait que l'Allemagne entre 41 et 43 accueillait tous les étudiants du monde, même ceux qui n'avaient pas de sang aryen comme Svetlana. Bien évidemment le réalisateur ne pose nullement la question à Mme Geier de ce qu'elle a pu faire de si méritoire pour obtenir de tels privilèges. Son doux regard et ses talents de traductrice de 18 ans devaient amplement suffire ! Quand on entend en prime que l'officier nazi qui a embauché et protégé Svetlana est un des responsables du massacre de Babi Yar et que ce fait n'émeut pas le moins du monde Mme Geier, le seul sentiment qu'on peut éprouver à la sortie de ce film c'est un profond dégout.
Beaucoup de délicatesse et de profondeur dans ce beau film documentaire. On est plus dans un portrait aux traits très humains que dans une étude de Dostoïevski. Tant mieux. J'ai toujours regretté de ne pas parler russe pour le lire dans le texte originel, là je regrette de ne pas parler allemand pour le lire dans la traduction de cette vieille dame si digne.